Publié le 20 décembre 2006
Pour certains, l'expérience professionnelle tourne même carrément au cauchemar. Parmi eux, Evelyne (prénom fictif) a été virée d'un magasin de chaussures, le 3 novembre dernier… trois jours après avoir annoncé à son patron qu'elle avait un cancer du sein.
«Cela n'a rien à voir avec sa maladie»
Cela n'empêche pas cette belle femme de 47 ans de rayonner: «Je ressemble à Genève, je suis attirante de l'extérieur mais je souffre de l'intérieur. Or, curieusement, je n'ai jamais eu autant de force qu'aujourd'hui. C'est sans doute l'instinct de survie!» Evelyne ne s'acharne même pas sur son patron, même si elle admet avoir eu la «rage» en apprenant son licenciement: «J'étais en période d'essai, il était donc légalement dans son droit.
Et puis, il fait comme tout boss qui a des difficultés avec son entreprise.»
Joint au téléphone hier, ce dernier ne justifie guère autrement sa décision: «Cela n'a rien à voir avec sa maladie. Cette collaboratrice n'est pas faite pour vendre des chaussures, elle a besoin d'un emploi plus intellectuel. Et moi, je suis à la tête d'une petite boutique qui doit s'en sortir. J'aurais eu 300 collaborateurs sous mes ordres, je lui aurais peut-être donné du temps pour se retourner, mais là, je n'avais pas le choix. Je ne peux pas jouer au saint-bernard.»
De son côté, vivant seule et étant maman de six enfants, dont trois à sa charge, Evelyne souhaite tourner la page au plus vite: «Les aînés de 19, 20 et 26 ans volent heureusement de leurs propres ailes, même si je suis triste de ne pas pouvoir les soutenir financièrement. Quant aux trois plus jeunes, à 5 jours de Noël, j'ai de la peine à imaginer ne pas pouvoir leur offrir un cadeau.»
Car Evelyne n'a plus un sou en poche! Touchant une pension de 1200 francs pour ses mômes et ayant une voiture en leasing, elle est en dessus des barèmes l'autorisant à percevoir l'aide de l'Hospice. Dans l'attente du chômage, son
dossier traîne: «Je n'ai pu l'activer qu'après l'hospitalisation d'une semaine qui a suivi mon opération du 20 novembre.»
Les épiciers de Veyrier lui font crédit
Evelyne fait aussi les frais d'un délit de «bonne gueule»: «Je n'ai pas l'air d'être malade, les gens n'imaginent ainsi pas que je puisse être dans un tel petchi. Or, je suis au bout du rouleau.»
Heureusement, «tout le personnel de l'Hôpital cantonal, du brancardier au chirurgien, m'a été d'un précieux soutien.» Enfin il y a Edouard et Marie-Thérèse, les épiciers de Veyrier qui lui font crédit: «Je ne sais pas ce que je ferais sans eux!» (ls)