Nouvel espoir dans le traitement du cancer
Brigitte Trahan
Le Nouvelliste
Le Groupe de recherche en biopathologies cellulaires et moléculaires de l'Université du Québec à Trois-Rivières, dirigé par le professeur Éric Asselin, vient d'effectuer une percée très importante dans la compréhension du développement des métastases cancéreuses.La découverte, qui a été publiée dans le Journal of Biological Chemistry de février, met en évidence le rôle encore insoupçonné d'un facteur de croissance, le TGFß3 (transforming growth factor-beta 3), dans la prolifération des cellules cancéreuses et dans l'évolution du cancer d'un organe vers ce qu'on appelle communément un "cancer généralisé".
Les résultats ont été obtenus en analysant non seulement les cellules in vitro mais aussi en les analysant directement sur des biopsies de tissus cancéreux humains.
Le professeur Asselin et son équipe ont découvert que plus on avance dans le degré de malignité du cancer, plus ce facteur va être sécrété par les cellules et distribué dans les tissus.
Le TGFß3 n'avait jamais été perçu, jusqu'à présent, comme un agent pouvant être associé à la progression du cancer parce qu'il s'agit d'une hormone présente naturellement dans le corps "dont les cellules en ont besoin pour se différencier", explique le chercheur.
Toutefois, dans les situations de cancer, son activité est complètement déréglée, a-t-il constaté.
En étudiant des tissus normaux de l'utérus, par exemple, le professeur Asselin a pu observer que cette hormone est présente mais confinée à un endroit bien précis pendant le cycle menstruel pour disparaître ensuite à un autre stade du cycle lorsque les cellules qui le produisent sont détruites par apoptose (mort cellulaire programmée normale). En cas de cancer, toutefois, le TGFß3 est soudainement diffusé n'importe où de façon anarchique. Les cellules cancéreuses peuvent ainsi migrer et détruire les tissus voisins, explique-t-il.
Si ce facteur de croissance entre en contact avec des cellules qui ont le récepteur pour l'accueillir, ces cellules se mettent alors à s'auto-stimuler et le TGFß3 peut alors s'exprimer encore plus, ajoute le chercheur.
Le professeur Asselin explique que le TGFß3 est à l'oeuvre dans le processus métastatique d'une multitude d'autres cancers. Il étudie actuellement avec son équipe son effet sur les cancers du
de l'utérus, de
de la
et même sur le cancer de la
.
Même si le mécanisme des métastases est maintenant mieux compris, le professeur Asselin estime que plusieurs avenues doivent encore être explorées. Peut-on, par exemple, espérer bloquer l'activité du TGFß3 sans causer d'effets secondaires destructeurs chez les patients comme c'est souvent le cas en chimiothérapie, se questionne-t-il. C'est pourquoi il entend aussi se pencher aussi sur une autre avenue, c'est-à-dire la compréhension des éléments qui exercent la régulation du TGFß3. Son laboratoire s'affaire présentement à développer des modèles animaux qui permettront de mieux comprendre l'action TGFß3 in vivo.
La découverte sera prochainement présentée au congrès annuel de l'American Association for Cancer Research.