Le radon accroît le risque de cancer du poumon
Agence France-Presse
Paris
Minimiser le risque de cancer du poumon lié à l'exposition au radon, gaz radioactif d'origine naturelle, «constituerait un acte de négligence», mettent en garde deux experts dans un numéro spécial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi.Le tabagisme étant à l'origine de la grande majorité des cancers du poumon à travers le monde, les «mesures préventives et les actions correctives contre le radon doivent être menées de front avec la lutte contre le tabagisme», ajoutent Zhanat Carr (Organisation mondiale de la santé) et Hajo Zeeb (Université de Mayence, Allemagne) dans un éditorial de la publication française.
Classé cancérogène pulmonaire certain par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'OMS, le radon se concentre dans l'habitat mal ventilé, rappelle Olivier Catelinois (Institut de veille sanitaire français).
L'exposition domestique à ce gaz inodore, issu de la désintégration de l'uranium présent dans la croûte terrestre, serait à l'origine de 5% à 12% des décès par cancer du poumon en France, selon l'étude réalisée par Olivier Catelinois et son équipe.
«La prise en compte de l'interaction tabac-radon montre que le risque serait trois fois plus élevé chez les fumeurs», chez qui 8 à 11% des décès par cancer du poumon pourraient être attribuables à l'exposition domestique au radon, soulignent ces chercheurs.
D'après une étude sur neuf pays européens publiée fin 2004 dans une revue médicale britannique, 9% des décès par cancer du poumon sont attribuables au radon présent dans les habitations et le risque de cancer de poumon augmente de 8,4% pour chaque accroissement de 100 Bq/m3 de la concentration en «radon mesuré».
À exposition égale au radon, le risque de cancer du poumon est environ 25 fois plus élevé pour les fumeurs que pour les personnes n'ayant jamais fumé, selon cette étude dirigée par Sarah Darby (Oxford, Grande-Bretagne) dont le BEH rappelle les conclusions.