La Société canadienne du cancer n'a versé que 22 % des fonds qu'elle amasse à des chercheurs engagés dans la lutte contre la maladie cette année, comparativement à plus de 40 % en 2000, conclut une enquête de l'émission Marketplace de CBC.
Après avoir étudié les rapports financiers produits par la société au cours des 12 dernières années, l'émission conclut qu'elle engloutit pendant ce temps 42,7 % des sommes récoltées dans des activités de financement et dans ses frais d'administration. Cette proportion n'était que de 26 % en 2010.
Étant donné l'augmentation croissante des dons recueillis par la Société canadienne du cancer au cours des dernières années, les chercheurs ont tout de même reçu légèrement plus d'argent en 2011 qu'en 2000.
Brian Litchy, un chercheur de l'Université McMaster qui veut combattre le cancer grâce à des virus capables de détruire les tumeurs, s'interroge sur cette tendance lourde.
« La plupart des scientifiques ne réalisent pas que le budget n'a cessé d'augmenter, mais que le budget consacré à la recherche diminue », s'étonne-t-il. « Ils sont surpris et déçus lorsqu'ils découvrent que c'est le cas, et que c'est la tendance ».
Bien que son équipe de chercheurs ait elle-même reçu des centaines de milliers de dollars de la Société au fil des années, M. Litchy dit ne pas craindre de critiquer l'organisation.
« Les chercheurs qui travaillent sur le cancer passent beaucoup de temps, ou la plupart de leur temps, à tenter de trouver comment trouver l'argent pour financer leurs recherches, plutôt que de la faire », dit-il. « Et ça devient une portion de plus en plus importante de nos activités quotidiennes ».
La Société canadienne du cancer a décliné les demandes d'entrevue de Marketplace, mais elle a envoyé un courriel à l'émission.
« Bien que le financement de la recherche sur le cancer constitue une part cruciale du travail de la société, nous avons aussi l'importante responsabilité de faire tout ce que nous pouvons pour réduire le risque que les Canadiens développent le cancer et à offrir un soutien significatif aux gens qui vivent avec le cancer », écrit-elle.
L'enquête de Marketplace conclut cependant que la proportion des sommes consacrées par la société aux activités de prévention et de soutien est demeurée stable depuis une décennie. Elle est passée de 33,6 % en 2000 à 35,2 % en 2011.
Le porte-parole du groupe Charity Intelligence, spécialisé dans la surveillance des organismes de charité, s'interroge sur cette tendance. « Nous avons trouvé plusieurs organisations efficaces qui n'ont pas besoin de dépenser un pourcentage si élevé en activités de financement et en frais d'administration », commente Greg Thomson.
Brian Litchy espère pour sa part que ses critiques pousseront la société à revoir ses priorités et réinvestir davantage dans la recherche.
« Je crois que si les donateurs sont mécontents de la situation, s'ils veulent qu'une part plus importante de leurs dons aillent à la recherche - parce que c'est pour ça qu'ils donnent de l'argent - alors peut-être y aura-t-il un mouvement populaire », espère-t-il.
Radio-Canada.ca avec
CBC