Sexualité et cancer: un congrès à Strasbourg pour "lever les tabous"
STRASBOURG (AFP) — Un congrès sur la sexualité des personnes souffrant de cancer a conclu à la nécessité de lever les "tabous" sur cette question, notamment en améliorant l'écoute des patients, vendredi à Strasbourg.
Sur 100 patients atteints de cancer, environ 75% souffrent de problèmes sexuels une fois leurs traitements terminés, selon des spécialistes intervenus lors du Congrès de la Société française de psycho-oncologie qui a réuni 650 participants multidisciplinaires - médecins, psychiatres, psychologues, infirmières, sociologues, anthropologues- jeudi et vendredi à Strasbourg.
Sur ces 100 patients, un sur deux a parlé de ses problèmes à leur conjoint, et 14% seulement à un soignant.
"Après un traitement anti-cancer, la majorité des femmes craignent de ne plus être désirables, la majorité des hommes de ne plus être assez performants", explique Eliane Marx, présidente du congrès, et responsable de l'unité onco-psychologique du centre de cancérologie Paul-Strauss de Strasbourg.
"Il y a 10 ans, on n'en parlait même pas, ça paraissait incongru de parler de sexualité quand il s'agissait d'une question vitale", remarque-t-elle.
Pour cette psychologue qui a rédigé avec le Pr Simon Schraub des brochures intitulées "Sexualité et cancer", distribuées dans tous les hôpitaux français, le congrès a fait apparaître "la volonté des participants d'apporter un peu plus de qualité de vie aux patients", en répondant entre autres à leur détresse concernant leur sexualité.
Il a fait aussi apparaître la nécessité d'une formation théorique et pratique des soignants, notamment pour dédramatiser leur relation avec le patient, sous forme d'ateliers, de stages, ou de jeux de rôle par exemple.
"Il faut pouvoir appeler un chat un chat pour que le patient soit à l'aise et ne soit pas bloqué par la gêne qu'il perçoit chez son médecin ou son infirmière", explique Mme Marx.
Diverses recommandations devraient conclure le congrès vendredi soir.