Un aimant de 70 tonnes contre le cancer
A l'occasion de ses 25 ans, l'entreprise Sigmaphi a présenté vendredi et samedi une pièce unique destinée en Italie à lutter contre le cancer.
Difficile d'imaginer qu'au bout de cette impasse, à deux pas de l'usine Michelin, se cache à Vannes une « pépite » de technologie. Ce week-end, l'entreprise Sigmaphi, rue des Frères Montgolfier, fêtait son quart de siècle d'existence, avec une surprise de haute technologie : Le PDG, Jean-Luc Lancelot, un passionné contagieux d'enthousiasme, a présenté au public un électro-aimant de 70 tonnes, destiné au marché médical italien. À peine croyable.
Prix de cet énorme électro-aimant : 1,5 million d'euros. Un « très gros contrat », de l'avis même de l'entreprise Sigmaphi. Pour les seules mesures magnétiques de mise au point, il aura fallu 200 000 €. Pour cette PME, comme pour le pays vannetais, c'est un sommet de compétence et de matière grise qui va quitter l'atelier en janvier 2008. « Un événement majeur : cet appareil a une qualité de conception jamais réalisée au monde. »
Et l'on ne pourra pas accuser le PDG, Jean-Luc Lancelot, d'avoir la grosse tête. À 52 ans, ce père de famille de quatre enfants est tout au contraire un passionné et homme d'action, qui aime partager les défis les plus fous. Ce vendredi, sa passion a gagné tous les invités. Et samedi, le public a connu un petit pincement au coeur de fierté. Vannes prend des allures de capitale de l'électro-aimant.
La « bête » au coeur de l'événement, de couleur bleue, trône au milieu de l'atelier, objet de toutes les attentions des 50 salariés. « Il nous a fallu deux ans pour la concevoir et la fabriquer », explique le PDG. Tout compris, lors de son installation, cet électro-aimant pèsera 120 tonnes. Il va être utilisé dans la lutte contre le cancer. « À partir de cet appareil, on enverra des protons. Ces particules rentrent dans le corps sans faire de dégâts. Grâce à cet appareil, dans le traitement du cancer, il n'y aura plus de destruction de cellules saines. » Un pas de géant, « made in Vannes ».
Jusqu'au Cern en Suisse
A travers les 25 ans de Sigmaphi, le public a eu l'occasion de découvrir l'une de ces PME du pays vannetais au « top » niveau dans son domaine de haute technologie. À tel point que Sigmaphi exporte ses productions à près de 95 %. « Nous avons déjà un électro-aimant pour la lutte contre le cancer à l'hôpital de Heidelberg. » Et Jean-Luc Lancelot explique que Sigmaphi travaille aussi avec les Suisses pour le Cern, qui est le plus grand laboratoire mondial de recherche en physique des particules.
Jean-Luc Lancelot, en ouvrant les portes de sa PME, avec une équipe soudée, n'a qu'un souhait : « Montrer un boulot formidable. Deux cent cinquante jeunes et enseignants ont découvert Sigmaphi la semaine dernière. En France, nous manquons de jeunes dans les métiers techniques. » Parmi les invités, outre la CCI du Morbihan, est venu Eric Martin, président de l'UBS (Université de Bretagne Sud), convaincu de tout l'intérêt de passerelles entre les étudiants en sciences et Sigmaphi. Aux portes de l'université, cette PME est une « pépite » de technologie qui fait rêver les chercheurs.