Décès d'un couple à quelques heures d'intervalle
Un phénomène assez fréquent
Le Journal de Québec
05/01/2008 09h02
Pour un patient en phase terminale, la perte de l'être aimé peut bousculer l'équilibre affectif au point où il souhaite partir lui aussi, estiment des spécialistes, à la suite du décès rapide du couple d'aînés de Joliette.
Dans son édition d'hier, Le Journal rapportait qu'un homme de 75 ans éperdument amoureux de sa femme de 82 ans s'était éteint, quelques heures après avoir appris la mort de son épouse.
Charles Beaulieu souffrait d'un cancer généralisé. Il recevait des traitements à l'hôpital de Joliette quand on lui a annoncé au début de la nuit du 30 décembre que sa douce moitié, Mariette Blanchard, était décédée à la résidence du couple, dans la matinée du 29.
L'homme est mort quelques instants plus tard.
Choc émotif
Le docteur Marc Bezeau a accompagné des malades en phase terminale durant plus de dix ans.
Sans pouvoir expliquer scientifiquement ce phénomène de décès quasi simultané, il affirme avoir vu beaucoup de patients se «laisser aller» après un choc émotionnel important.
«C'est fréquent de voir un enfant visiter un parent qui décède plus tard dans la journée, explique-t-il. On voit que les gens qui ont le cancer ont un certain contrôle sur leur mort, mais c'est rare que c'est si rapide.»
Attendre la visite d'un enfant
Une intervenante de la maison de soins palliatifs Victor Gadbois, Jacynthe Cadotte, abonde dans le même sens.
«Si un patient trouve sa volonté de vivre dans sa femme et que cette dernière disparaît, on peut supposer qu'il n'a plus le goût de survivre», dit-elle.
«La force des malades est surprenante et ils font parfois des actes humainement incroyables avec l'amour», affirme pour sa part le curé Donald Tremblay de la paroisse Sainte-Marie-du-Lac à Deux-Montagnes.
À la Société canadienne du cancer, on affirme que le décès d'un patient peut être accéléré si ses besoins psychosociaux sont affectés.