Consultation d'un médecin sur internet

Consultation médicale garantie en trois heures ou moins, contre certains frais. Voilà ce que promet le dernier-né des services de santé privés au Québec. Le truc? Ça se passe par vidéoconférence, un service non assuré par la Régie de l’assurance maladie.

Santé sans file n’est pas encore en fonction, mais ses promoteurs visent le printemps, mai ou juin. Et si le projet peut en laisser certains sceptiques, il faut savoir qu’il est cautionné par l’ex-président de la Fédération des médecins spécialistes, le Dr Yves Dugré, qui agit à titre de vice-président aux affaires médicales.

L’arrivée de Santé sans file dans le paysage est passée relativement inaperçue, puisque ni le Collège des médecins, ni les fédérations de médecins spécialistes et omnipraticiens n’en avaient entendu parler avant notre appel.

C’est une annonce de presque une page dans Le Soleil du samedi 19 janvier qui a attiré notre attention. Sous la mention «Devenez médecin sans file», la compagnie Myca, qui développe des plateformes technologiques, offrait aux médecins la possibilité d’accroître leurs revenus tout en travaillant à partir du lieu et de l’horaire de leur choix.




Assises légales

En entrevue dans les locaux de Myca, rue Einstein à Québec, les promoteurs se sont dits assurés de la pertinence de leur projet et de sa capacité à franchir les obstacles légaux qui encadrent la pratique médicale privée au Québec.

Ils s’appuient en cela sur un article de la Loi sur les services de santé et services sociaux précisant que les «consultations par téléphone» ne sont pas assurées par la Régie de l’assurance maladie.
Le président de Myca, Nat Findlay, assure ne pas avoir été inspiré par le jugement Chaoulli, qui a ouvert la porte à diverses initiatives privées, mais par une expérience personnelle alors qu’il a attendu quatre heures dans une clinique pour voir son médecin pendant six minutes.

Selon le Dr Dugré, la difficulté à simplement parler à son médecin, ou à un médecin, lorsque survient un problème de santé mineur, est l’une des contraintes majeures du système. C’est ce que permettra de résoudre Santé sans file, dit-il avec enthousiasme. Celui qui a quitté la FMSQ à l’automne 2006 pour des raisons de santé aura la responsabilité de s’assurer que les médecins sélectionnés ont bien un permis de pratique au Québec en règle, ainsi qu’une assurance responsabilité professionnelle.
Le médecin aura les mêmes obligations professionnelles, dit-il. Il pourra aussi faire des prescriptions, qui seront envoyées directement par télécopieur à la pharmacie du patient. Le fait qu’il n’y ait pas d’examen physique possible devra être pris en compte, si bien que le professionnel conseillera parfois au patient d’aller à l’hôpital s’il ne peut lui-même identifier le problème.

Selon Yves Dugré, ce service diffère grandement de celui d’Info-Santé, qui est gratuit, en raison justement de l’interaction avec un médecin, plutôt qu’une infirmière, et de la possibilité d’avoir accès au dossier médical du patient.

Basée à Québec

La compagnie est basée à Québec, mais les médecins pourraient se retrouver partout dans la province, tout comme les patients. Selon Nat Findlay, Santé sans file ne débordera pas chez nos voisins, en raison des lois qui diffèrent. Par contre, dit-il, les Américains sont des plus enthousiastes face aux plateformes développées par Myca, qui offrent de nombreuses possibilités.

La compagnie estime qu’il lui faudra une dizaine de médecins pour démarrer le service. L’annonce du 19 janvier en a incité six à téléphoner pour avoir des informations, et une vingtaine de patients potentiels ont fait de même.