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 GEORGES RODENBACH

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Denis
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MessageSujet: Re: GEORGES RODENBACH   GEORGES RODENBACH Icon_minitimeJeu 6 Nov 2008 - 13:41

Dans l'angle obscur de la chambre, le piano

Dans l'angle obscur de la chambre, le piano
Songe, attendant des mains pâles de fiancée
De qui les doigts sont sans reproche et sans anneau,
Des mains douces par qui sa douleur soit pansée

Et qui rompent un peu son abandon de veuf,
Car il refrémirait sous des mains élargies
Puisqu'en lui dort encor l'espoir d'un bonheur neuf.
Après tant de silence, après tant d'élégies

Que le deuil de l'ébène enferma si longtemps,
Quelle ivresse si, par un soir doux de printemps,
Quelque vierge attirée à sa mélancolie
Ressuscitait de lui tous les rythmes latents :

Gerbe de lis blessés que son jeu lent délie ;
Eau pâle du clavier où son geste amusé
- Rafraîchi comme ayant joué dans une eau claire -
Ferait surgir un blanc cortège apprivoisé,

Cygnes vêtus de clair de lune en scapulaire,
Cygnes de Lohengrin dans l'ivoire nageant !
Hélas ! Le piano reste seul et morose
Et défaille d'ennui par ce soir affligeant
Où dans la chambre meurt une suprême rose.

La nuit tombe ; le vent fraîchit ; nul n'est venu
Et, résigné parmi cette ombre qui le noie,
Il refoule dans le clavier désormais nu
Les possibilités de musique et de joie !
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Denis
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MessageSujet: Re: GEORGES RODENBACH   GEORGES RODENBACH Icon_minitimeJeu 6 Nov 2008 - 2:02




Mon âme, tout ce long et triste après-midi


Mon âme, tout ce long et triste après-midi,
A souffert de la mort d'un bouquet, imminente !
Il était, loin de moi, dans la chambre attenante
Où ma peur l'éloigna, déjà presque engourdi,

Bouquet dépérissant de fleurs qu'on croyait sauves
Encor pour tout un jour dans la pitié de l'eau,
Gloxinias de neige avec des galons mauves,
Bouquet qui dans la chambre éteignait son halo

Et se désargentait en ce soir de dimanche !
Mon âme, tu souffris et tu t'ingénias
A voir ta vie, aussi fanée et qui se penche,
Agoniser avec ces doux gloxinias.

Or me cherchant moi-même en cette analogie
J'ai passé cette fin de journée à m'aigrir
Par le spectacle vain et la psychologie
Douloureuse des fleurs pâles qui vont mourir.

Triste vase : hôpital, froide alcôve de verre
Qu'un peu de vent, par la fenêtre ouverte, aère
Mais qui les fait mourir plus vite, en spasmes doux,
Les pauvres fleurs, dans l'eau vaine, qui sont phtisiques,

Répandant, comme en de brusques accès de toux,
Leurs corolles sur les tapis mélancoliques.
Douceur ! Mourir ainsi sans heurts, comme on s'endort,

Car les fleurs ne sont pas tristes devant la mort,
Et disparaître avec ce calme crépuscule
Qui d'un jaune rayon à peine s'acidule.


Dernière édition par Denis le Mer 1 Fév 2012 - 1:03, édité 2 fois
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Denis
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MessageSujet: Re: GEORGES RODENBACH   GEORGES RODENBACH Icon_minitimeMer 5 Nov 2008 - 17:37

GEORGES RODENBACH Solitude-in-bruges


Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement

Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement
De doigts inoccupés tapotant sourdement
Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
- Ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -

Dimanche : l'air à soi-même dans la maison
D'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
Quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
Dimanche : impression d'être en exil ce jour,

Long jour que le chagrin des cloches influence,
Et sans cesse ce long dimanche est de retour !
Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ;
C'est un triste bouquet de fleurs qui lentement

Meurt dans un verre d'eau sur une nappe blanche...
M'en sauver, le pourrai-je ? Et l'éviter, comment ?
Ce jour de demi-deuil aux couleurs trop calmées
Où mon coeur otieux s'en va dans les fumées.

J'en ai l'obsession, j'en ai peur, j'en ai froid
Du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène :
Tandis que je me leurre au long de la semaine,
Flux et reflux de jours qui s'accroît et décroît,

Dont l'écume est un peu de vanité qui chante,
Voici que le repos dominical me hante
Et déjà m'apparaît comme un repos amer,

Repos nu d'une grève au départ de la mer,
Grève morte du long dimanche infinissable
Qui coagule au loin ses silences de sable...
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Denis
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Denis


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MessageSujet: GEORGES RODENBACH   GEORGES RODENBACH Icon_minitimeMar 4 Nov 2008 - 12:27

GEORGES RODENBACH:

Le Silence de Bruges.

[...] le silence apparaît à ce moment comme quelque chose de vivant, de réel, de despotique qui vit là, seul, comme en un royaume élu pour son exil, qui veut, qui commande, qui se montre hostile à qui le dérange. Inconsciemment, invinciblement, on subit sa douleur muette, et si par hasard quelque passant approche et fait du bruit, on a comme l'impression d'une chose anormale, choquante et sacrilège.

Evocations. Agonie de villes.


Dernière édition par Denis le Sam 10 Avr 2010 - 11:53, édité 2 fois
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