Prévention
Prévention par l'alimentation
Lycopène. Plusieurs recherches portant sur la nutrition et le cancer de la prostate indiquent qu'une consommation élevée d'aliments riches en lycopène (principalement les produits de la tomate : tomate crue, cuite ou en sauce) pourrait aider à prévenir ce cancer.6, 20 En 1999, des chercheurs américains ont analysé 72 études portant sur le lien entre la consommation de produits de la tomate, le taux sanguin de lycopène et le risque de cancer : 57 études rapportaient un lien inverse et 35 concluaient à un lien statistiquement significatif20. Les données les plus probantes de cette synthèse portent sur le cancer de la prostate, du poumon et de l'estomac.
Réduction des graisses alimentaires. Bien que la cause ne soit pas complètement entendue, on s'accorde de plus en plus sur le lien entre les graisses alimentaires et le risque du cancer de la prostate10,25. Personne n'ose avancer formellement que la réduction de l'apport en graisses alimentaires diminue effectivement ce risque, mais il s'agit d'une possibilité sérieuse.
Produits du soya. Un petit nombre de recherches portant sur la nutrition et le cancer de la prostate indiquent que la consommation de lait de soya (plus d'un verre par jour) pourrait aider à réduire jusqu'à 70 % des risques de ce cancer.5 Ce serait les isoflavones contenues dans le soya qui auraient cet effet protecteur ; d'autres produits de soya pourraient donc s'avérer efficaces (mais n'ont pas été testés). Une recherche clinique récente24 auprès de 96 patients présentant de fort taux d'antigènes prostatiques spécifiques (APS) a montré qu'un régime faible en gras combiné à un apport important de protéines de soya faisait baisser de manière significative le taux d'APS. Ceci indique une possibilité de prévenir le cancer de la prostate par une intervention alimentaire.
Ail. Des recherches préliminaires portant sur la nutrition et le cancer de la prostate indiquent qu'une consommation élevée d'ail pourrait aider à prévenir ce cancer.4
Prévention par les suppléments
Sélénium. Plusieurs recherches indiquent que le sélénium pourrait réduire l'incidence de certains cancers, dont celui de la prostate.7 Selon une de ces recherches, commencée en 1983 auprès de 1 312 hommes prenant 200 µg par jour de sélénium, l'incidence du cancer de la prostate était de 66 % moindre que chez le groupe contrôle.8 Le National Cancer Institute (É.-U.) a récemment mis en marche en Amérique du Nord une vaste recherche préventive appelée SELECT, impliquant 32 000 hommes et devant s'échelonner sur 12 ans, pour vérifier l'impact du sélénium (et de la vitamine E).
Vitamine E. Plusieurs études ont fait ressortir un lien entre la prise de vitamine E et une réduction de l'incidence du cancer de la prostate.9, 21
Prévention par les médicaments
Finastéride. En juin 2003, les résultats d'une étude à double insu de grande envergure12 (PCPT pour Prostate Cancer Prevention Trial) ont secoué la communauté médicale. En effet, 9 060 hommes de plus de 55 ans exempts de tout symptôme de cancer de la prostate ont été suivis pendant sept ans : 4 368 d'entre eux ont pris chaque jour 5 mg de finastéride tandis que les 4 692 autres ont reçu un placebo. Les résultats ont été si spectaculaires que leur publication a été devancée d'un an. En effet, les données révèlent que la prise de finastéride a réduit de 25 % les risques de cancer de la prostate. Cependant, les tumeurs dangereuses ont été plus fréquentes chez les hommes ayant pris du finastéride que chez ceux ayant pris un placebo. Ces résultats ont déclenché une controverse et toute une série de questions pour l'instant sans réponse. Par exemple, pourquoi le taux de cancer de la prostate détecté dans le groupe placebo (24,4 %) et dans le groupe traité (18,4 %) était aussi élevé par rapport à celui relevé dans la population en général (6 %)? Pourquoi a-t-on constaté un taux plus élevé de tumeurs graves? Le finastéride exercerait-il une action sur les petites tumeurs, laissant ainsi les plus grosses se développer? Les responsables du National Cancer Institute sont très enthousiastes, mais l'auteur d'un éditorial publié dans le même numéro du New England Journal of Medicine13 se montre extrêmement sceptique quant à la pertinence d'utiliser le finastéride pour prévenir le cancer de la prostate.
Traitements non conventionnels
Alimentation
Réduction des graisses alimentaires. Selon les données épidémiologiques et plusieurs études ayant suivi des patients atteints de cancer de la prostate, il semble de plus en plus certain qu'il existe un lien entre les gras alimentaires et l'évolution d'un cancer de la prostate.10,22 Certains chercheurs ont proposé de réduire la consommation de graisses alimentaires à 15 % des calories totales23.
Soya. Il pourrait aussi être valable d'intégrer du soya (tofu, lait de soya, etc.) à la diète courante. Les recherches indiquent que les produits du soya pourraient inhiber la croissance de tumeurs par une combinaison d'effets directs sur ces tumeurs et par des effets indirects sur l'angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur).11 Les études révèlent aussi que les protéines de soya font baisser les APS, un des marqueurs qui accompagnent souvent le cancer de la prostate.24