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 Des textes de foglia (journaliste au québec)

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Denis
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Denis


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 19 Juil 2014 - 12:37


Mourir comme ça
Pierre Floglia La Presse

Dans la première rangée où l’on assoit les gens avec des jeunes enfants, elle change la couche de bébé qui chigne.

Il repasse les notes de l’exposé qu’il doit présenter à Melbourne à la conférence de l’ONU sur le sida.

Elle dort sur l’épaule de son fiancé.

Il prend sa pilule de Coumadin, un anticoagulant. Il est sujet aux phlébites après un long voyage, toujours la jambe droite, il est assis au bout de la rangée, de façon à pouvoir étendre sa jambe dans l’allée.

Il lit un article sur la cuisine moléculaire dans le magazine de Malaysia Airlines.

Elle revient des toilettes où elle s’est remis du rouge, sorry dit-elle en dérangeant toute la rangée.

Avec un cure-dent en plastique il essaie de désengager un morceau de poulet coincé dans son partiel.

Elle mange une poire.

Il ne pense à rien.

Il dort.

Il fait les mots croisés d’une revue d’art hollandaise, Botticelli en était amoureux, ça commence par un V, huit lettres.

Il marche dans l’allée pour se dégourdir les jambes.

Elle lit un roman policier islandais.

Il écoute de la musique.

Elle porte un tailleur comme si personne ne lui avait dit que le vol Amsterdam-Kuala Lumpur allait durer 17 heures.

Ces deux-là, médecins, une Hollandaise et une Belge s’en vont aussi à la conférence de Melbourne. Mais elles ne parlent pas de ça. La Belge dit à l’autre sa fascination pour Game of Thrones.

Il regarde le ciel vide par le hublot.

***

Tu sais comment ça marche ce truc-là, Youri ?

C’est facile, dit Youri.

Youri et Leonid s’ennuient ferme dans leur petit blindé qui porte quatre missiles sol-air sur son toit. La pluie tombe sur la campagne ukrainienne et y’a pu de bière. Youri allume l’écran du radar, tu vois le petit point ? C’est un avion. J’ai juste à le faire glisser dans le carré où c’est écrit « cible », comme ça, tu vois, puis d’enfoncer ce bouton rouge, et c’est parti…

Leonid, fais pas le con ! À cette hauteur c’est sûrement un avion de ligne, Leonid ! NON !

Mach 3 : 850 mètres à la seconde. 10 kilomètres : à peine 12 secondes.

***

Bébé s’est endormi. Pour la 124e fois depuis le départ d’Amsterdam elle tire sur la jupe de son tailleur. Triomphant, il a sorti le petit bout de poulet de son partiel. Elle ne lit plus son roman finlandais, elle écoute le pilote qui vient de dire qu’ils volaient à 33 000 pieds à la vitesse de 950 km/h et qu’ils allaient survoler bientôt la Russie. La Belge ne parle plus de Game of Thrones, elle parle du Soudan du Sud où elle a travaillé pour MSF. La Hollandaise vient de bâiller.

Il regarde toujours le ciel vide par le hublot.

***

Ils étaient 298 quand la fusée les a atteints. 298 morts pour rien. Nous penserons à eux souvent promet le poète, nous penserons à eux souvent, nous qui demeurons dans la beauté des choses.

D’abord c’est pas vrai, la semaine prochaine on les aura oubliés. Et de quelle beauté des choses parlez-vous, monsieur ?
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeMar 5 Fév 2013 - 10:33

Jusqu'à dimanche soir, Beyoncé était un nom comme ça, sur lequel je ne mettais aucun visage. Shakira, Rihanna, Aguilera, Beyoncé, fouille-moi.

Depuis dimanche, hola Beyoncé! Quelle jolie chose. Quelle jolie voix. Et des tounes pas si nulles que ça. Elle a aussi de bien jolies amies pour danser avec elle. Vous auriez pu m'en parler avant, je sais pas, m'envoyer des photos, faut vous occuper de moi de temps en temps. Si vous ne m'entretenez pas, je vais m'étioler comme un foutu poireau.

Voilà, je sais maintenant qui est Beyoncé, je le sais pour la vie. Promis, je ne la confondrai plus avec Coeur de pirate.

Tout ça pour vous dire que j'ai aimé le Super Bowl à partir de Beyoncé. J'avais dormi un peu pendant la première demie. Le premier jeu de la seconde - ce long retour sur le botté d'envoi qui ajoutait indûment à l'avance de Baltimore - a éteint les lumières dans le stade comme si on voulait nous dire: allez donc vous coucher, vous voyez bien que le match est fini. Comme la panne s'éternisait, j'ai eu un de ces moments d'égarement, comme les vieux en ont parfois. Je me suis levé pour appeler Bob, chez lui, à Saint-Sulpice. Mes doigts se souvenaient, 450-589... Soudain, le cerveau aussi s'est souvenu: Bob est mort il n'y a pas loin de 15 ans.

De toute façon, c'est lui qui aurait appelé. En reconnaissant sa voix, je me serais efforcé d'être bête: qu'est-ce tu veux? Lui, au contraire, aurait été tout miel: et puis, mon gentil Tortelino, as-tu aimé la chanteuse avec un diamant dans le nombril?

Elle avait un diamant dans le nombril?

Je l'aurais rappelé après le match pour lui demander pourquoi, sur la dernière poussée de San Francisco, l'arbitre n'avait pas sifflé une faute.

Il m'aurait répondu que siffler cette faute-là, c'était donner le match à San Francisco, qui le méritait pas. Que Dieu ne le voulait pas, parce que des fois, Dieu, il est tanné que les innocents aient toujours les mains pleines. Est-ce que tu comprends, mon gros Raviolo? Les 49ers ont joué comme des innocents sur cette séquence en particulier, pourquoi trois passes? Pourquoi ne pas s'approcher au sol?

C'est exactement ce que je me disais pendant le Super Bowl: que ça fait vraiment longtemps que quelqu'un m'a traité de gros Raviolo.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 10 Jan 2013 - 16:19

JE l'adore pour ça et je lis ses écrits dès parution dans la Presse.... love love love
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 10 Jan 2013 - 15:39

Le texte intégrale de Foglia est à cette adresse. Foglia est toujours un peu à part des autres avec son opinion et s'il y a unanimité contre quelqu'un c'est sûr qu'il va faire un texte dissonant....

http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/201301/10/01-4609953-caricatures.php
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 10 Jan 2013 - 15:18

Denis a écrit:
À propos de Depardieu...

Citation :
(...)Vieillir, c'est se trahir à petits pas, par glissements successifs. J'avais en tête les mêmes rimes de Barbara. Moi aussi: rien de plus con que l'argent, l'ambition, la performance, la carrière. Rien au-dessus de l'amitié... Et puis voilà, à petits pas, c'est que l'argent fait vivre, mon vieux, il en faut bien pour acheter du vin. La performance? Avouez-le, ça fait du bien de temps en temps de clencher les copains. Quels copains, d'ailleurs? Ben oui, je l'aime, ma femme; ben non, je ne la trompe pas. De toute façon, je n'ai jamais eu l'occasion de baiser Catherine Deneuve par terre comme Depardieu dans Le dernier métro.

Se trahir, ce n'est pas forcément, enfin pas seulement, serrer Poutine sur son coeur, devenir ministre de la Culture de la Mordovie.

On dit beaucoup de ce tas de boue obscène, démesuré, rigolard et qui pisse partout, on dit beaucoup qu'il se caricature lui-même. En fait, je le soupçonne de nous caricaturer tous un petit peu et de s'en amuser infiniment.

je ne suis malheureusement pas sure que cette analyse soit la meilleure , je crains bien que le sieur Depardieu ai grillé pas mal de neurones par ses excès et franchement , qu'il reste là où il veut parce que moi perso cela fait bien avant ce départ en Russie qu'il m'a déçu et que je laisse l'homme dans cette espèce de déchéance ...J'ai plaint son fils et sa fille d'avoir un père qui prend toute la place et qui sans le vouloir à a pu donner l'impression de les écraser .
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 10 Jan 2013 - 8:42

À propos de Depardieu...

Citation :
(...)Vieillir, c'est se trahir à petits pas, par glissements successifs. J'avais en tête les mêmes rimes de Barbara. Moi aussi: rien de plus con que l'argent, l'ambition, la performance, la carrière. Rien au-dessus de l'amitié... Et puis voilà, à petits pas, c'est que l'argent fait vivre, mon vieux, il en faut bien pour acheter du vin. La performance? Avouez-le, ça fait du bien de temps en temps de clencher les copains. Quels copains, d'ailleurs? Ben oui, je l'aime, ma femme; ben non, je ne la trompe pas. De toute façon, je n'ai jamais eu l'occasion de baiser Catherine Deneuve par terre comme Depardieu dans Le dernier métro.

Se trahir, ce n'est pas forcément, enfin pas seulement, serrer Poutine sur son coeur, devenir ministre de la Culture de la Mordovie.

On dit beaucoup de ce tas de boue obscène, démesuré, rigolard et qui pisse partout, on dit beaucoup qu'il se caricature lui-même. En fait, je le soupçonne de nous caricaturer tous un petit peu et de s'en amuser infiniment.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeMar 28 Aoû 2012 - 17:40

J'ai lu ce matin dans la section sport de la Presse. Je l'adore. love
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeMar 28 Aoû 2012 - 15:26

article entier

...J'ai gardé pour la fin Lance le cancéreux, Lance le survivant. Et encore là, rien n'est clair, rien n'est tranché entre, par exemple, le caritatif et la business caritative, entre la Fondation - Livestrong.org - qui a recueilli 35 millions de fonds en 2011 dont 82% sont allés à la recherche, et Livestrong.com, un truc commercial hébergé par le portail Demand Media Inc. Avec 80 millions d'internautes par mois, beaucoup de pubs très payantes, Livestrong.com s'y spécialise dans la remise en forme, la bouffe santé, etc.

Mais je reviens au cancéreux. Je suis plus fier d'être un survivant du cancer que d'avoir gagné sept Tours de France, a-t-il répété souvent. Lors de ses premiers Tours de France, après sa résurrection et avant qu'il ait besoin de gardes du corps, j'ai vu souvent des gens l'aborder en prononçant le mot magique: cancer. J'ai le cancer. Mon fils a le cancer. Lance agitait alors son doigt sous leur nez: don't give up! Puis, il les entraînait à l'écart et parlait plus longtemps à chacun qu'à n'importe quel journaliste ce jour-là.

Pour mesurer son importance dans la lutte contre le cancer, il faut moins compter les millions de dollars que sa fondation ramasse - c'est à la fois beaucoup et anecdotique en regard des besoins de la recherche - que les millions de cancéreux à qui il a redonné espoir, pour un mois, un an, trois ans, tous ces gens qui se sont battus en se disant: pourquoi pas moi?

Chaque fois que je redis ou réécris quelle immense tête de vache il est, je pense aussitôt que ce gars-là a shooté et shoote encore cent millions de fois plus d'espoir que de merde autour de lui, ce qui n'est pas forcément le cas pour la plupart d'entre nous.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 19 Mai 2012 - 17:04

C'est un texte qui m'a fait pleurer cette semaine...

Il est fort Foglia, vraiment fort. Je l'aime tellement. Souvent je découpe ses chroniques, il est aussi fou que nous avec ses chats. Mais ce matin j'étais touchée au coeur.



Dans un autre ordre d'idée aussi Laporte dont je ne suis pas trop fan avait un très très bon texte ce matin aussi.

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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 19 Mai 2012 - 16:58

Peut-être bien que ma fascination effarée pour la mort me vient d'un poème de Milosz qui commence comme ceci: Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale au cimetière étrange de Lofoten.
Monsieur, monsieur, c'est où, Lofoten?


On avait 10 ans. En culottes courtes. C'était le printemps. L'odeur des lilas des jardins voisins et les bruits de la rue entraient par les fenêtres grandes ouvertes de la classe. Monsieur, monsieur, comment des morts peuvent-ils être ivres? Et celle-ci, qu'on lui posera beaucoup plus tard, quand il ne sera plus là pour répondre: pourquoi ce poème à des enfants?



Peut-être bien que de là me vient l'idée que la mort sent le lilas.


Pour Anaïs, cinq ans et demi, la mort pourrait bien être un papillon. Au quatrième étage de l'Hôtel-Dieu de Québec, dans le couloir qui mène aux soins palliatifs, deux lampes en vitrail en forme de papillon (imitation Tiffany) s'allument quand décède un patient. Ce qui arrive quand même assez souvent. Un jour qu'Anaïs allait voir son papa, les lampes se sont allumées. Sa maman, qui la tenait par la main, a ralenti en disant chut. Pourquoi, maman? Sa mère lui a montré les lampes papillon allumées et lui a expliqué

L'autre vendredi, le papa d'Anaïs est mort. On l'enterre cet après-midi même au cimetière de Saint-Gervais-de-Bellechasse. C'est dans l'arrière-pays, entre Lévis et Montmagny. Je n'y suis jamais allé. À Lofoten non plus, d'ailleurs.


L'autre vendredi, quand le papa d'Anaïs est mort, sa maman était couchée avec lui, lovée contre lui, la main sur son coeur. Quand il est mort, c'est bête, elle a regardé l'heure - 16h19. Vous êtes-vous déjà posé cette question idiote: si l'heure n'existait pas, est-ce que le temps passerait quand même? Est-ce que les choses arriveraient quand même? Posé autrement: est-ce que Dieu a une montre?


La maman d'Anaïs est restée un moment comme ça, la main sur le coeur qui ne battait plus de son mari, puis une infirmière est arrivée, puis la vie d'après a commencé, déjà. Elle a appelé Anaïs. Papa est mort. Et Anaïs, aussitôt: est-ce qu'ils ont allumé les lampes de papillon? Et aussi: est-ce qu'on ira quand même à Disney comme papa l'a dit?


Deux ou trois jours plus tôt, son papa lui avait fait signe d'approcher. Un peu solennel, il lui avait dit: ma grande championne d'amour, on ira à Disney à la fin de l'été comme promis, mais ça se pourrait que je ne prenne pas le même avion que toi. Anaïs, qui se doutait bien qu'il ne parlait pas vraiment de Disney, se tenait raide comme un petit soldat au bord du lit. Elle avait envie de pleurer et de rire en même temps parce que son papa avait le hoquet. Les derniers jours, il avait tout le temps le hoquet. La mort s'amuse comme elle peut.


Pour Anaïs, cinq ans et demi, la mort pourrait bien être un papillon, mais peut-être aussi, comme pour moi, l'odeur des lilas. Anaïs a un lilas dans sa cour, un blanc.


Peut-être bien que cette fascination effarée pour la mort me vient du poème de Milosz: Tous les morts sont ivres d'amour... Excusez: Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale au cimetière étrange de Lofoten. Mais peut-être bien aussi qu'elle me vient des lilas, du muguet, de mon frêne immense comme un baobab et rugueux comme les Destroyers de George Thorogood, que j'écoute en vous écrivant pour ne pas entendre RDI, qu'écoute ma fiancée pour la loi spéciale. T'aimerais ça, être journaliste, mon amour? Je peux peut-être t'arranger ça.

Parfois, cette fascination effarée pour la mort me vient de l'abandon particulier de Tonton, mon chat préféré, quand, tout près de son oreille, je lui demande en chuchotant s'il est mort: es-tu mort, Tonton? Hon, pauvre, pauvre Tonton, il est mort du paludisme, qu'il a attrapé en chassant la grenouille dans les marais palustres! Vas-tu être mort encore si je te mords une oreille? Je mords (je mordille). Il ouvre un oeil excédé: va donc rouler au lieu de faire chier.


Ce qui est sûr, c'est que ma fascination effarée pour la mort me vient de la beauté de mes paysages. Je ne crois à rien, mais j'aimerais bien croire qu'en mourant je deviendrai partie de cette beauté-là, un caillou.


C'est sûr, ma fascination pour la mort me vient de la poésie, très peu de l'étage des soins palliatifs de l'Hôtel-Dieu de Québec et pas du tout, mais alors vraiment pas du tout des lampes imitation Tiffany en forme de papillon. Ma fascination pour la mort me vient de la poésie, jusqu'au moment où la pute surgit sans poésie aucune... Il était en rémission d'un mélanome malin et puis, l'automne dernier, une bronchite qui ne passait pas, il est allé voir le médecin. Métastases partout, poumons, foie, pancréas, rate...


Oh, fuck. Quel âge?


Trente-trois ans. Sa femme, 31. Deux petites filles. Béatrice, deux ans et demi, et Anaïs, cinq ans et demi.


On l'enterre cet après-midi au cimetière de Saint-Gervais-de-Bellechasse. On annonce du beau temps
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 12 Mai 2012 - 18:15

JE l'ai lu ce matin et Chum vient de le lire... ça nous laisse tout chose, tout très triste.
C'est dans ce temps là que j'aimerais ça être riche!!!!!!!!!!! Et qu'on sent notre impuissance aussi.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 12 Mai 2012 - 17:59

Et vous, madame, ça va?

Euh...

Attendez, laissez-moi deviner: vous avez une vilaine grippe?

Non, j'allais dire, avant que vous m'interrompiez, que je suis en attente d'une confirmation d'un diagnostic de sclérose en plaques.

Ce n'est pas à ce moment-là que j'ai éclaté de rire, c'est plus loin, quand on s'est mis à parler de sa famille. Vos parents étaient en santé?

Mon père était sourd et aveugle.

Le fou rire m'a pris, les larmes m'en coulaient, les siennes aussi, elle, c'était snif, snif, moi, c'était hihihi. Moi, quand c'est trop, je ris. Je pleure pour rien: le Titanic à la télé, je pleure. Le Titanic dans la vie, je ris.

Et votre maman?

Albelina, elle s'appelle, mais elle aime pas. Faut dire Marie. Elle pète le feu. À 86 ans. Elle a eu 21 enfants, je suis la dernière.

Le bébé gâté! Le fou rire m'a repris, mais là elle riait aussi. Gâtée? Pas vraiment! La dernière d'une trâlée de 21, c'est pas pareil que le dernier d'une famille de quatre. Maman a eu son premier à 14 ans. Neuf sont morts à la naissance.

Vous avez six enfants, madame, tous souffrent plus ou moins de troubles de développement graves, quatre d'un premier lit, deux de votre mari actuel, cela ne vous a pas traversé l'esprit que, peut-être, cela venait de vous?

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeLun 20 Fév 2012 - 14:19

love love love
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeLun 20 Fév 2012 - 13:29



Il a raison, le prof de Sorel. Dieu ne réunit pas ceux qui s'aiment. Dieu ne réunit pas les amants adultères. Dieu ne réunit pas les amoureux de même sexe. Dieu ne réunit pas les jeunes étudiantes pubères avec leur vieux professeur de philosophie. Dans le plus beau roman d'amour à avoir jamais été écrit, Dieu n'a pas réuni Anna Karénine et le colonel Vronski, ils s'aimaient comme des fous pourtant, mais elle était déjà mariée, la salope, et elle avait un enfant. Dieu ne réunit pas les divorcés, Dieu réunit ceux qui s'aiment à condition qu'ils suivent des cours de préparation au mariage et qu'ils promettent de ne pas employer de moyens contraceptifs.

Dieu ne m'a pas du tout uni à ma fiancée, même si je l'aime, ma fiancée vient d'Iberville, Dieu n'a jamais mis les pieds à Iberville.

Parle-moi d'un hymne à l'amour dont le dernier vers, Dieu unit ceux qui s'aiment, est un mensonge, et qui commence comment? Hein? Le savez-vous, comment commence cette soi-disant grande chanson, cette oeuvre d'art, disait la ministre de l'Éducation jeudi? Elle n'a pas dû l'écouter souvent.

Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer, voilà comment ça commence.


Petite question sémantique, pourquoi, pensez-vous, «sur nous peut s'effondrer» plutôt que «peut s'effondrer sur nous» ? Pour la rime avec le second vers:

Et la terre peut bien s'écrouler!

Parle-moi d'un hymne à l'amour qui, en partant, fait rimer s'effondrer avec s'écrouler. Demandez-vous après ça pourquoi 88% des mariages finissent par une garde partagée. C'est pas une chanson d'amour, c'est un film catastrophe.

Deuxième couplet.

J'irais jusqu'au bout du monde

Je me ferais teindre en blonde...

Le bout du monde, c'est où? Singapour, mettons? Tu veux te faire teindre en blonde pour aller à Singapour? C'est pas un hymne à l'amour, c'est une chanson thème pour un congrès international de coiffeuses.

Troisième couplet. Je renierais ma patrie... Tu vas renier le Canada pour aller où? Attends, laisse-moi deviner, t'es blonde, tu dis? À Venise? En Provence? À Capri? À San Gimignano? À Ibiza? Pas à Cancún? À Cancún, oui? T'es pas juste blonde alors, t'es un peu filasse aussi, non?

«Je renierais ma patrie, je renierais mes amis»... et à la fin tu te renies toi-même. Il y a un film là-dessus, tellement triste, Adèle H, avec Isabelle Adjani. Elle y est folle amoureuse d'un con absolu et elle se renie profondément dans cet amour-là, j'ai vu ce film-là 10 fois au cinéma et au moins 300 fois dans la vie.

Si j'étais prof et que j'avais à donner à mes étudiants un cours sur l'amour, je leur ferais lire un petit livre d'Anne Hébert, son plus beau roman en fait, plus beau que Les fous de Bassan - cela s'appelle Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais.

Clara est allée rejoindre le lieutenant à bicyclette qu'elle abandonne sur l'herbe aussitôt arrivée, elle porte une robe rouge. My god, dit le lieutenant, I did not expect such a lovely clown. Quelque pages plus loin, elle a ramassé son chapeau, son sac et ses gants, elle remet ses souliers à talons hauts, il lui baise alors la main (après tout le reste) et, «à voix basse comme s'il craignait de réveiller quelqu'un dans la pièce»:

Farewell, my love.

Le quatrième couplet est le plus mal écrit, on a dit de Piaf qu'elle pouvait émouvoir en chantant le bottin, en chantant le crottin aussi. La preuve.

Si un jour la vie t'arrache à moi...

Si tu meurs que tu sois loin de moi

Peu m'importe si tu m'aimes

Car moi je mourrai aussi

C'tu du bulgare mal traduit? Car moi je mourrai aussi.. CAR! Quand j'étais petit, un car comme celui-là dans notre copie, c'était un zéro assuré.

Quatre vers de charabia pour dire si tu meurs je mourrai aussi. Toi, fiancée, voudrais-tu mourir si je mourais? Mourrais-tu comme la belle de Cadix si je t'annonçais que j'avais une maladie grave?

Elle est morte comme ça, la belle de Cadix?

Mais oui, c'était la fiancée de Don Juan, quand il lui a dit qu'il avait le cancer de la prostate, et c'était même vrai, couic, elle s'est suicidée? Tu ferais ça?

Ben non, qui s'occuperait des chats?

Vers la fin du quatrième couplet:

Nous aurons pour nous l'éternité

Dans le bleu de toute l'immensité

Quel bleu? Il s'est effondré dans le premier vers: Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer, branchez-vous, calvaire.

Si j'étais prof et que j'avais à donner à mes étudiants un cours sur l'amour, je leur ferais écouter Desjardins...

Citation :
T'es tell'ment tell'ment belle

Un paquebot géant

Dans 'chambre à coucher

Je suis l'océan qui veut toucher ton pied
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 16 Fév 2012 - 13:11

Lu au complet, il est fantastique. Quand il va quitter pour la retraite je crois qu'il va tellement tellement me manquer...
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 16 Fév 2012 - 13:04

Depuis des années, je me lève le matin en me demandant quel cancer va me tuer, je les ai tous passés, même celui du sein, quoique le matin, j'ai plutôt le cancer du cerveau, la nuit, celui de la vessie, le soir, je me porte relativement bien, sauf que ce soir-là de la semaine dernière, j'ai appelé mon ami X, je l'appelle souvent, un peu machinalement, je dois dire, sans rien de spécial à lui dire, sa voix soudain au bout du fil m'a sorti de ma rêverie, j'ai dit: ah c'est toi!
Ben oui c'est moi, tu m'appelles, je réponds, c'est formidable, non? Qu'est-ce que tu veux?

Je ne me souviens plus.

T'es alzheimer ou quoi?


Clac, je lui ai raccroché au nez. Comme si c'était pas assez, le cancer, j'ai été alzheimer toute la fin de semaine dernière que j'ai passée à essayer de me souvenir de trucs comme le nom de mes neuf chats que je me récitais à toute vitesse, le nom de mes 274 confrères à La Presse, le nom de toutes mes fiancées avant celle-ci, Thérèse, Berthe, Roberte, Gilberte...

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 9 Fév 2012 - 18:21

Que j'aime cet homme et ses analyses... love Je le lis religieusement à chaque parution.
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 9 Fév 2012 - 16:00

Le texte de Foglia aujourd'hui parle de la médiatisation du cancer. On parlait du documentaire sur la publicité autour de la recherche sur le cancer du sein et ici c'est un peu pareil et la question devient jusqu'ou on peut aller sans aller trop loin dans la médiatisation du cancer ?

Je n'ai pas de réponse, pas plus que Foglia qui nous amène sur le bord d'une scène ou l'on pourrait se fâcher mais qui ne le fâche pas lui-même tant que ça je trouve. Il y a des pours et des contres, parmi les pours, la petite fille qui a un cancer terrible et qui va sans doute ... elle tripe, elle aime ça beaucoup la présence de tous ces artistes... mais parmi les contres, est-ce qu'on n'utilises pas les derniers moments de cette petite fille pour faire de l'argent ?



Je vous ai déjà raconté comment j'ai rencontré, fortuitement, Jean-Marie Lapointe, le fils de Jean Lapointe, au chevet de Timothée, un ado de mon entourage qui se mourait d'un ostéosarcome à Sainte-Justine en 2002-2003. Bénévole pour Leucan, Jean-Marie accompagnait Timothée dont il était devenu le héros. Tous les proches du gamin, sa mère, son père, les voisins, les amis, tous vous le diront: Jean-Marie a illuminé les derniers mois de la vie de Timothée.
Tu ferais juste ça dans la vie: illuminer les derniers mois d'un enfant qui se meurt, tu devrais être éligible au prix Nobel de la bonté.

Vous avez compris que Jean-Marie est devenu mon héros aussi, en plus de me donner bonne conscience: si je peux avoir pour héros un artiste bronzé, alors c'est que je ne suis pas si nul que ça. Vous avez compris aussi que je ne dirai jamais un mot croche contre Jean-Marie. Je ne voudrais pas me vanter, mais ce n'est pas toujours facile.

***


Vous connaissez l'histoire de Joanna Comtois? Elle me fait beaucoup penser à l'histoire de Timothée. Papa québécois, maman française, rémission et résurgence, longue route vers une fin inéluctable, Jean-Marie en a fait un documentaire, plusieurs scènes avaient pour moi un petit air de déjà vécu avec Timothée, ainsi les sorties en chaise roulante autour de Sainte-Justine, ainsi la fusion du malade avec sa mère, ainsi l'hallucinant conseil des médecins autour du lit de la malade, débattant avec elle des moyens d'adoucir sa fin...

Joanna est morte le 11 février 2011. Comme Timothée, c'était une ado qui s'exprimait hyper bien, drôle, pleine de projets, ce n'est pas du tout un documentaire triste, mais ce n'est pas non plus un hymne à la vie comme le commentaire nous le suggère. Non, «Joanna ne nous apprend pas à vivre tandis qu'elle apprend elle-même à mourir». Comme souvent les jolies formules, celle-ci est creuse. Apprenant à mourir, Joanna nous apprend, tout simplement, à mourir aussi. Et c'est un apprentissage autrement difficile, autrement important. J'ai pour ma part pris bonne note de sa sérénité, et plus encore de sa lucidité, comme je l'avais déjà fait avec Timothée.

Le documentaire sera présenté à Canal Vie lundi prochain à 23h, double rediffusion le 16 février à 16h et 20h. Jean-Marie Lapointe n'en est que le coproducteur, la réalisatrice, Lisette Marcotte, est déjà l'auteure - avec Jean-Marie encore - d'un docu sur une expédition d'enfants trisomiques dans les Andes.

***

Au début du documentaire, on voit quelques fois Joanna avec son père, un monsieur qu'on devine fragile et fortement bouleversé par la maladie de sa fille. Il va d'ailleurs se suicider quand il apprendra que le cancer est revenu et que les chances de guérison sont nulles.

Avec le suicide du père, le drame prend une dimension très médiatique, mais ne sautez pas aux conclusions, ce ne sont pas les médias qui se sont jetés sur l'enfant, c'est la gamine qui les a sollicités.

Elle a commencé par émettre le souhait de chanter en duo avec Céline, pour cela Jean-Marie a joint René, puis Julie a embarqué et tout Quebecor a adopté la jeune fille. On voit défiler dans le documentaire les Pierre Bruneau, Chantal Lacroix, Charles Lafortune, Denis Lévesque, aussi les Paul Arcand, Andrée Lachapelle, Manon Leblanc (la décoratrice), Guillaume Lemay-Thivierge, sans oublier Jean-Marie. Disons-le: la gamine s'allumait littéralement au contact de ces célébrités qui lui ont organisé des fêtes, un défilé de mode, l'ont aidée à lancer sa fondation, et qui ont même redécoré sa chambre, en direct ou presque à la télé, deux entrevues avec Denis Lévesque, on devine l'hôpital Sainte-Justine pas du tout fâché de cela, Leucan non plus.

Deux choses.

Tout le long du documentaire, je n'arrêtais pas de me dire: mais comment se fait-il que je n'aie jamais entendu parler de cette histoire-là? J'ai interrogé des amis, des collègues, ma famille: Joanna? Cancer? Personne ne savait rien. Mais si, la jeune fille dont le papa s'est suicidé? Personne.

Jamais les deux réalités médiatiques québécoises ne m'avaient sauté dans la face à ce point-là. Pas deux éclairages différents. Pas deux points de vue opposés. Deux mondes différents qui ne s'interpénètrent pas du tout. Le monde Quebecor, et le nôtre. On a longtemps parlé au Québec de deux solitudes. Que diriez-vous de trois?

Deux choses, disais-je: à la fin du second paragraphe de cette chronique, je soulignais que Jean-Marie me donnait bonne conscience: si je peux avoir pour héros un artiste bronzé, alors c'est que je ne suis pas si nul que ça.

Mais faut pas exagérer non plus. Un héros. Pas douze autour du même cercueil.


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeLun 2 Jan 2012 - 18:53

Je l'adore ce Foglia là moi.... je le lis scrupuleusement.

Pis c'est pas vrai que t'as le cerveau de plus en plus léger... pour faire les recherches que tu fais en cancérologie d'abord hein... bec
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeLun 2 Jan 2012 - 17:33

Des textes de foglia (journaliste au québec) Larme




Citation :
...Quand je dis que l'Homme recule, je parle de culture, bien sûr. Je parle de ce dont on ne parle pas à l'école, au conseil de sécurité de l'ONU, dans les Parlements, dans les conférences sur le climat, de ce dont Harper ne parle jamais, mais Obama non plus. Je parle du beau, du laid, du goût, d'émancipation, de l'accès aux oeuvres, du sens critique, de tout cela qui touche au soi, qui touche à la construction du soi, de tout cela qui est le matériau même de l'Homme, qui le fait différent de la bête. Vous me suivez? Pas très bien? Je le savais. Vous avez toujours de la misère avec ce sujet-là. C'est pour ça que je vous ai préparé un dessin, une caricature.

En fait la photo qui est dans cette page.

Il s'agit de la photo d'une sculpture, cadeau de Poutine et du peuple russe aux États-Unis, en souvenir des victimes du 11-Septembre. Cette sculpture, installée à Bayonne, petite ville du New Jersey, est alignée sur la statue de la Liberté. Elle fait 33 mètres de haut. 100 pieds exactement.

Non, cela ne représente pas un vagin. Cela représente une tour fendue. La bouboule qui pendouille au milieu de la fente? Devinez. Allons, un petit effort... Ce 11 septembre 2001 a-t-il été un événement heureux? Triste, alors? Très, très triste? Qu'est-ce qu'on fait quand on est très, très triste? On pleure! C'est ça. Vous y êtes. La bouboule, c'est une larme.

Savez-vous combien elle pèse?

Quatre tonnes. Une larme de 4 tonnes, c'tu assez triste pour vous?

L'Homme recule en cela qu'on lui dresse une merde de 33 mètres dans la face, pure expression du réalisme socialiste dont l'ambition était d'être compréhensible par tous - la culture populaire -, une merde absolue pour commémorer un des plus grands drames de son histoire et il ne hurle pas, l'Homme. En fait, il trouve ça plutôt bien, une grosse larme pour un gros chagrin.

L'Homme recule en cela que ses larmes sont de plus en plus lourdes et son cerveau, de plus en plus léger.


Tiens une bonne définition de moi ça : des larmes de plus en plus lourdes et un cerveau de plus en plus léger...


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeDim 6 Nov 2011 - 19:04

Quand je l'ai lu hier j'ai bien aimé la conversation avec la laitue. clown
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeDim 6 Nov 2011 - 18:12

DÉSEMPARÉ Fait longtemps que vous nous avez parlé de vos chats, monsieur Foglia. C'est vrai. Savez pourquoi? À cause de courriels «ti-minou» du lendemain.

Anyway, sont toujours huit ou neuf, cinq filles, et attendez que je compte les garçons, Ramon, Camus, Théou, Théou est le dernier arrivé, les premiers jours il se cachait partout, t'es où? T'es où? Ça lui est resté. Et Tonton, mon Tonton, que je nourris en cachette aux Tostitos. Et un autre encore qu'on nourrit sur la galerie depuis deux ans et qui ne se laisse toujours pas approcher.

Je ne les aime pas toujours. Des fois, à l'heure des repas, quand ils crounchent tous en même temps et qu'on a l'impression qu'il y a une moissonneuse-batteuse dans la cuisine, je dis à ma fiancée, c'est pas des animaux de compagnie, c'est des estomacs à moustache.

D'autres fois, c'est leurs chicanes qui me tannent.

Tonton, calvaire, arrête de faire chier Miss Piggy. Il ne comprend pas un mot de ce que je dis, bien sûr, mais la tonalité l'avertit que je suis fâché et que je m'apprête à lui garrocher une savate dans le front. Il part comme un fou, clac, clac la chatière, il est rendu au bout du jardin avant que j'aie eu le temps d'ôter ma savate.

Quand je lui dis oh le beau Tonton, comme il est gentil, comme il est mignon, il ne comprend pas un mot non plus, mais la tonalité encore lui dit que je vais peut-être lui donner des Tostitos, il se met à ronronner...

L'autre jour, je lui ai joué un tour, il était de nouveau en train d'embêter Miss Piggy, mais au lieu de crier Arrête, Tonton, tabarnak, j'ai dit oh le beau tonton, comme il est pas gentil avec Miss Piggy. Il s'est mis à ronronner. Et paf, la savate lui est arrivée dans le front!

La tête qu'il a faite! Je riais! Il comprenait plus rien. Désemparé qu'il était comme dans le poème de Miron que chante Plume, désemparé héhé\nous marchons dans la vinaigrette\ignorants d'la savate qui nous guette\ désemparé héhé...

Ne riez pas. Vous aussi, une savate vous guette, plusieurs même. Vous rappelez-vous cet ex-premier ministre, lucide ça s'peut pas, qui disait aux Québécois il n'y a pas si longtemps, vous êtes des ci et des ça et vous êtes paresseux en plus. Vous vous êtes poussés comme des fous au bout du jardin pour ne pas l'entendre.

Maintenant qu'il est devenu monsieur Gaz de schiste, il vous fait le même coup que j'ai fait à Tonton. Il dit que vous êtes vaillants, il dit que vous êtes brillants, il dit vous avez de l'avenir, plein d'avenir et voilà que vous faites comme Tonton: vous vous mettez à ronronner comme des cons.

Vous ne la verrez même pas partir, la savate qui va vous arriver dans le front.

Désemparé héhé, désemparé

CONVERSATION AVEC UNE LAITUE Ma fiancée est revenue du Metro avec une laitue Boston dans une boîte à chapeau. Je vous assure, c'est comme ça qu'ils vendent les laitues maintenant: dans des boîtes à chapeau en plastique. La forme sphérique d'une boîte à chapeau, le couvercle d'une boîte à chapeau, on le déclipe de sa base, on le bascule sur sa penture, tadam la boîte est ouverte, mais ce n'est pas un chapeau, c'est une laitue.

Attention, elle est vivante. C'est écrit sur l'étiquette du couvercle: laitue fraîche et vivante.

Bonjour laitue, qu'est-ce que tu fais dans une boîte à chapeau? Hon, t'as fait pipi...

Mais non, c'est de l'eau pour mes racines pour que je reste vivante.

Sont vilaines comme des cheveux de sorcière, tes racines.

C'est parce que je suis hydroponique.

Ma chère! Hydroponique! Voyez-vous ça. Comme Proust?

À qui parles-tu?, m'a demandé ma fiancée.

À personne.

Prends-moi pas pour une folle, je t'ai entendu, tu viens de dire que Proust était hydroponique.

Ben voyons! Si ça a de l'allure! J'irais dire à une laitue que Proust était hydroponique? Il était même pas hydroponique, il était daltonien.

Allez, bon week-end, paraît qu'il va faire grand soleil, je ne sais pas pour vous, mais moi, mon psy me dit de pas sortir sans chapeau ou alors de passer à l'ombre.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 13 Oct 2011 - 19:24

J'ai adoré le lire ce matin. love

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeJeu 13 Oct 2011 - 16:34

À Alma, tout le monde connaît Roger Filion, même à Chicoutimi ou à La Baie. Anyway, quand t'es dans ce coin-là, tu dis aux gens que tu connais Réjean Tremblay et ils te répondent ouin, pis? Mais dis-leur que tu connais Roger Filion: ils t'invitent à souper.
Roger a été longtemps à Air Alma, mais c'est surtout monsieur vélo, il a couru, il organise des courses dont une coupe du monde annuelle des U23, des randonnées populaires, lui-même roule pas mal, tous les ans, à l'automne, il vient dans mon coin avec sa gang de bleuets à pédales, ils logent au Bed du village, ils font les cols alentour, Jay, Smugglers Notch...

Les premiers lacets de la descente du versant sud de Smugglers Notch (vers Stowe) sont très à pic, il tombait une petite pluie, Roger venait de dire à sa gang faites attention, c'est hyper dangereux, c'est lui qui a dérapé et plongé dans le ravin. Multiples fractures, une vertèbre écrasée. Trois jours à l'hôpital à Burlington, puis transfert à l'hôpital de Chicoutimi.

Toute une équipée. Deux infirmières, une qui conduit, l'autre qui fait la navigatrice, Roger geint dans son corset en arrière. C'est parti pour 700 kilomètres en ambulance. Les deux infirmières américaines n'ont évidemment aucune foutue idée où peut bien se trouver Chicoutimi, pas grave, elles ont leur GPS... qui les enligne sur Montréal, leur fait prendre le pont-tunnel Louis-H, pour les envoyer sur la 40.


Mais non, pas par là, proteste Roger de son lit de douleur, pas le pont-tunnel, fallait prendre la 20.

À Trois-Rivières, les filles se trompent encore et les voilà à Shawinigan où quelqu'un leur dit tant qu'à être rendues ici, passez donc par La Tuque, mesdames...


Non, pas par La Tuque, proteste Roger, c'est beaucoup plus long pour aller à Chicoutimi.

Ferme ta gueule, Roger, t'es malade.

À La Tuque, les infirmières se trompent encore, prennent vers La Bostonnais, fait noir, la route s'en vient cahoteuse, elles s'arrêtent pour demander leur chemin, reviennent vers Roger un peu désemparées: le monsieur ne parle pas français ni anglais. Ils étaient dans une réserve.

Roger a poussé un long cri déchirant, un loup a répondu au loin.

Pour sortir de là, ils auront à passer sur un pont couvert, une infirmière sur le pont pour guider celle au volant, ça frottait à droite, ça passait juste en haut, sont arrivés à Chicoutimi au milieu de la nuit. Les filles sont reparties le lendemain. Elles ne sont toujours pas rentrées à Burlington, elles auraient été aperçues avant-hier dans un dépanneur de Chibougamau où elles tentaient d'échanger leur GPS contre des cartes géographiques.

Roger est rentré à la maison.

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitimeSam 23 Juil 2011 - 12:54

Je l'ai lu ce matin et j'aime bien sa conclusion... love
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) Icon_minitime

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