La notion moderne de vaccin thérapeutique est assez particulière. Présentant un modèle animal de cancer mammaire, ciblant la protéine alpha-lactalbumine, une équipe américaine* le rappelle. Si le vaccin prophylactique est le moyen le plus efficace pour prévenir une maladie, les modèles de vaccins anti-cancer ont été développés pour obtenir un effet thérapeutique sur une tumeur installée et évolutive. Il “suffit” d’obtenir une réaction immunitaire contre un constituant de la tumeur, une protéine. Cette protéine, bien que constituant de la tumeur, est une protéine du soi, et l’on risquerait de déclencher une complication auto-immune si l’on utilisait ce vaccin en prévention – en admettant qu’il fonctionne… mais par forcément, comme l’illustre cette étude publiée dans la revue Nature Medicine.
Le vaccin thérapeutique présenterait-t-il ce même risque ? Pour l’éviter, les auteurs ont conçu un vaccin dirigé contre l’alpha-lactalbumine, protéine exprimée dans la glande mammaire uniquement en cas de lactation chez tous les mammifères, mais qui reste présente en grande proportion dans les tumeurs du
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Sur le modèle animal, des souris femelles transgéniques exprimant le cancer mammaire humain et des souris sur lesquelles des tumeurs ont été transplantées, les auteurs ont enregistré une réaction immunitaire contre l’alpha-lactalbumine permettant de freiner la croissance des deux types de tumeurs. Le recours à ce vaccin thérapeutique n’a déclenché aucune réaction inflammatoire d’origine auto-immune dans le tissu mammaire, les souris n’étant pas en période de lactation.
La vaccination contre l’alpha-lactalbumine pourrait constituer une protection contre l’émergence d’un cancer du sein chez la femme ayant dépassé la période des maternités et se situant en pré-ménopause, c'est-à-dire, expliquent les auteurs, qu’alors l’apparition d’une lactation est peut probable mais que le risque de cancer du sein est élevé.
Bien entendu, le vaccin pourra être utilisé dans un but thérapeutique contre une tumeur, en association avec les traitements classiques, puisque l’alpha-lactalbumine est un antigène du Soi présent dans la majorité des cancers mammaires humains. Le vaccin a également été testé sur des femelles allaitantes – exprimant l’alpha-lactalbumine en grandes quantités: la réaction auto-immune s’est traduite par un arrêt de la lactation, rendant ces femelles incapables de nourrir leurs petits.
Sur un autre modèle animal, la souris développant spontanément une tumeur (mouse mammary tumour virus (MMTV)-neu), une vaccination préventive a été effectuée à 8 semaines. A 10 semaines comme attendu, les souris ayant reçu un placebo ont développé une tumeur, dont aucune n’a été détectée sur les animaux vaccinés. En prophylaxie, le vaccin s’est montré efficace contre des tumeurs transplantées 13 jours avant la vaccination, constat : un retard de croissance tumorale significatif.