TRAITEMENT DU CANCER
La molécule FPL99 tient ses promesses
Louis Tremblay
Le Quotidien
CHICOUTIMI
La compagnie FPL Pharma et l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) ont finalement atteint l'étape de l'étude clinique avec la molécule FPL99 dont les principales priorités sont d'augmenter significativement l'efficacité d'une quinzaine de médicaments déjà utilisés dans le traitement du cancer avec des résultats surprenants pour ceux de la
et du
et ce, en moins de cinq ans.
Si tout fonctionne comme prévu et que l'équipe des chercheurs Jean Legault et André Pichette parviennent à trouver le financement évalué à 5 millions $, des personnes atteintes du cancer, une centaine selon les prévisions de Jean Legault, pourraient recevoir par voie intraveineuse ce sesquiterpène fabriqué à partir d'un produit extrait des aiguilles du sapin baumier.
Les dirigeants du laboratoire parlent ouvertement de cette découverte puisqu'ils détiennent un brevet sur la molécule en question qui la protège des autres grandes entreprises pharmaceutiques.
"L'avantage dans notre produit est qu'il vient en ajout des médicaments déjà utilisés en chimiothérapie par les oncologues dont le
taxol (fabriqué à partir de l'if du Canada). Une personne qui accepte de participer à l'étude clinique n'est pas privée de son traitement de chimiothérapie.
Chez la souris, dans le cas du cancer du poumon et de la peau, la tumeur exposée à un traitement contenant la molécule FPL99 a eu une croissance de 50 % inférieure au même cancer qui n'est pas traité avec la molécule. "Ce sont des résultats très intéressants", indique Jean Legault.
Une rencontre doit avoir lieu avec Santé Canada d'ici quelques mois afin d'obtenir une certification permettant d'utiliser le produit dans une étude clinique avec des êtres humains. Les chercheurs de l'UQAC comptent pour cette étape sur des spécialistes de l'industrie pharmaceutique à la retraite qui ont déjà préparé des médicaments pour le compte d'entreprises bien établies. Jean Legault affirme que cette étape ne comporte pas de difficulté particulière.
"Dans la démarche, il faut extraire le produit, identifier la molécule que nous croyons pertinente et la purifier quand c'est nécessaire. Après cette étape, nous effectuons des tests sur des cellules cancéreuses cultivées invitro avant de passer aux tests sur des souris. La dernière phase qui consiste à produire le médicament final contenant la molécule nécessite des équipements que nous ne possédons pas et c'est pour cette raison que nous avons des relations avec des personnes compétentes pour la réalisation."
Autres cancers
Les scientifiques ont utilisé la même molécule dans d'autres médicaments pour traiter les autres formes de cancer. Les 18 médicaments ont tous été utilisés avec l'ajout de la molécule développée à l'UQAC. Dans 15 cas, explique Jean Legault, les résultats sont positifs quant à l'effet de la molécule sur la performance alors que dans trois cas, il n'y a aucun effet. Le résultat le plus surprenant de cette démarche est que la molécule n'a provoqué aucune contre-indication alors qu'elle était en présence des différentes formes de cancer.
Les cellules cancéreuses offrent beaucoup de résistance aux traitements. Il arrive même que certains médicaments deviennent moins efficaces en raison de cette résistance.
L'une des particularités de la molécule FPL99 est qu'elle inhibe la résistance des cellules cancéreuses selon les constatations faites jusqu'à maintenant en laboratoire. Par le fait même, elle rend le médicament utilisé plus efficace.
Les travaux menés dans les laboratoires de l'UQAC sont suivis de près par le monde médical. Des oncologues ont déjà été informés de la démarche et attendent avec impatience les développements futurs : "Dans le cas du cancer du poumon ou le taux de mortalité sont très élevés, le seul fait d'augmenter l'espérance de vie de 10 % serait majeur", enchaîne Jean Legault.
Au cours des dernières semaines, les médias ont passé à la loupe l'industrie des produits naturels vendus dans les pharmacies et autres magasins. Il ne faut surtout pas confondre les travaux menés à l'UQAC avec ces pratiques plus souvent qu'autrement réalisées sans aucune forme de planification scientifique.
L'équipe de l'UQAC a déjà rencontré des géants de l'industrie en lien avec ce projet. Pour l'instant, elle compte sur du financement provenant du gouvernement fédéral et d'un groupe de propriétaires de pharmacies Jean Coutu dans la région de Drummondville. L'entreprise FPL Pharma a également une entente avec l'université pour opérer dans ses murs.