Josée Legault
Mercredi, 5 octobre 2016
Le cancer serait-il une maladie «honteuse»? Bien sûr que non.
Par contre, dans notre monde où les banques sont reines et les assureurs sont rois, c’est une autre histoire.
Si vous avez déjà eu un cancer ou connaissez quelqu’un qui en a été atteint, vous savez sûrement que d’obtenir une assurance-vie ou invalidité par la suite, du moins, à un taux raisonnable, c’est la croix et la bannière.
À vrai dire, c'est à peu près mission impossible.
Pour les personnes qui ont eu le cancer, c'est comme si on leur en faisait porter le stigmate financier pour le reste de leur vie.
Au moment où une controverse gronde autour du dernier livre de ma collègue Josée Blanchette - «Je ne sais pas pondre l’œuf, mais je sais quand il est pourri» -, un ouvrage hautement critique de la chimiotéraphie -, une proposition constructive nous arrive pour les survivants du cancer.
Ce lundi, le Journal rapportait en effet la proposition d’Alexandre Cloutier d’«éliminer les obstacles pour les survivants du cancer, qui sont souvent incapables de s’assurer ou doivent payer des surprimes astronomiques».
En plein mois du cancer du sein (transparence totale, je suis moi-même une survivante du cancer), le député et candidat à la chefferie péquiste met en effet le doigt sur une grave injustice qui frappe de nombreuses personnes - tous cancers confondus.
Une injustice réelle et concrète qui, s'additionnant aux pertes financières déjà importantes subies par de nombreux patients pendant leurs traitements, doit cesser.
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Le droit à l’oubli
En guise de démonstration, citons des extraits de l’article en question :
«Près d’un Québécois sur deux sera atteint d’un cancer au cours de sa vie. À l’heure actuelle, 64 % des personnes survivent à leur cancer.
Mais tous ces rescapés doivent affronter des obstacles de taille, déplore le député de Lac-Saint-Jean.
Pour un survivant du cancer, contracter une assurance vie, une assurance habitation, ou même obtenir un prêt hypothécaire ou bancaire s’avère difficile, voire impossible.
«Il y a trop de gens qui sont touchés par le cancer et qui, malheureusement, sont discriminés par la suite», insiste-t-il.
Une clause de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne permet aux compagnies d’assurance de discriminer pour des raisons de santé.
Le prétendant au trône péquiste propose de s’inspirer de la France et d’instaurer un «droit à l’oubli» pour les survivants des types de cancer les plus courants, comme le cancer du sein, de la thyroïde, de la peau, du col de l’utérus et des testicules.
Au maximum 15 ans après la fin de leurs traitements, les survivants verraient leur cancer être effacé de leur historique médical.
Pour les personnes ayant développé la maladie durant l’enfance, le délai serait d’au plus cinq ans après la fin du processus thérapeutique.
Les assureurs et les banques ne pourraient donc plus imposer des surprimes ou refuser une demande.
«Ça permet vraiment de donner aux gens une plus grande équité, soutient la députée Diane Lamarre, qui appuie M. Cloutier dans la course.
Il y a énormément de gens qui ont traversé cette épreuve d’un cancer et qui, 15 ans plus tard, se trouvent encore pénalisés.»
Pour y arriver, une modification de la Charte québécoise des droits est souhaitable, selon le candidat Cloutier.»