Elle plissait le fil d’une vie ….
Ses mains froissaient d’un geste machinal,
Le bas de sa blouse orpheline de couleurs.
Tout était gris chez elle, jusqu’à ses yeux,
Délavés par une vie de rires et de pleurs.
Elle était là, assise dans cet impersonnel fauteuil,
Le regard perdu au delà des grilles du jardin ….
Qu’attendait elle ainsi, dans cet oubli du temps
Qu’espérait t’elle dans ce silence obscur ?
Seuls ses doigts ridés dansaient encore la vie,
A courir sur le tissus, que machinalement elle plissait.
Elle semblait murmurer pour d’improbables visiteurs,
Des comptines lointaines rythmées de sourires enfantins.
Dès le matin , elle s’installait là , face à ce monde
Lui ayant échappé à l’hiver d’une longue vie .
Puis elle fixait un horizon vaporeux et tremblant,
Par delà un radiateur et la vitre salie de baisers
Et de mains quémandeuses de tendresse et d’envies.
Elle tremblait un peu dans son attente infinie ……
Qu’attendait elle ainsi dans ce renoncement
Dans ce silencieux cocon qu’elle tissait de ses mains fatiguées,
Du bout de ses vieux doigts s’accrochant au tissus de la vie ?
Espérait elle la venue d’un ami, d’un voisin, d’un parent ,
Le retour d’un enfant à jamais parti, le sourires d’un ancien amant,
Ou tout simplement attendait elle la grande dame noire….
Peu lui importait les heures des repas, les fleurs sur les tables,
Le monde défilant sur l’écran de télé, ou les sourires timides,
De ses tristes compagnons la croisant sans la voir ….
Elle attendait d’improbables demains, sans connaître aujourd’hui.
Plissant le bas de sa blouse incolore, d’un geste machinal
Tout était gris chez elle , en attendant sans peur , le noir à tout jamais…..
@nola 11/06