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 Des textes de foglia (journaliste au québec)

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Denis
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Denis


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeSam 23 Juil 2011 - 12:12

Notes éparses prises durant mon voyage sous la rubrique?: Les Français sont ceci cela.

Les Français sont incroyablement pompiers (quétaines). En France, le gouffre entre la culture populaire et la culture tout court est encore plus vertigineux que chez nous. Mais en même temps, la différence se vit mieux que chez nous. Je ne me l'explique pas.

Les Français mangent presque aussi mal que nous (même si je suis souvent très bien tombé pendant ce voyage). Les Français achètent les mêmes fromages à pâte molle que nous à l'Inter-Marché. Des charcuteries dégueu à l'Inter-Marché, toujours. Leur pain est moins bon que le nôtre. Dans quatre pâtisseries sur cinq, les pâtes à chou des éclairs et des religieuses, datent de cinq ou six jours, mises au frigo le soir, replacées sur le comptoir le matin. Ce n'est plus la France pâtissière que j'ai connue qui baignait dans les oeufs à la neige. Pas une fois des oeufs à la neige dans ce voyage.

Les Français ont le même rapport tordu à l'argent que les Québécois au cul. Parlant de cul, j'ai lu quelque part que les Françaises ont, en moyenne, dans leur vie, quatre partenaires sexuels. Les Français, 11... je sais, ça ne marche pas. Ce sont, je crois, les Françaises qui ne savent pas compter.


On a coutume de dire que le Français ne s'aime pas. C'est faux. Le Français n'aime pas les autres Français.

J'ai trouvé que les Français sont beaucoup moins Français depuis qu'il n'y a plus de Vélo-Solex.

Les Français parlent incroyablement bien français. Hier, j'étais à vélo (sous la pluie), je me suis arrêté dans un village de la Vienne pour boire un café. Le nom du village?: La Bussière. Le resto-bar de ce trou de 300 habitants s'appelle, je vous entends hurler d'ici, le Why Not?! Mais vous vous trompez, les Français ne s'anglicisent pas, c'est très différent, ils colonisent des mots anglais. La structure de la langue n'en est pas du tout altérée (tout le contraire de chez nous où on francise hystériquement dans un moule anglais).

Le Français ne parle pas si bien français que je viens de le dire. Quand on les écoute attentivement, on réalise qu'ils parlent en formules. La politique, la culture, le sport plus encore, tout est formules, le premier mot fait débouler les autres, un enchaînement qui ne mène pas plus au sens que les grains d'un chapelet ne mènent à Dieu. La preuve, la formule qui revient le plus souvent est celle-ci?: y'a pas de souci. Pourtant si, plein plein de soucis.

Le plus agaçant dans la langue médiatique des Français?: les incessants jeux de mots. Comme ce matin, dans Libé, le titre pour annoncer la victoire de Andy Schleck?: fauve qui peut. Pourquoi fauve?? J'ai bien compris, parce que sauve qui peut, sauf que le gracile Andy Schleck est tout ce qu'on veut sauf un «?fauve?». Pourquoi pas chauve qui peut?? Il n'est pas chauve non plus.

Donc, les Français sont ceci cela, voilà.

Mais il y a un truc qu'on ne dit jamais sur les Français et qui est mille fois plus vrai que tout ce que je viens de dire?: les Français sont formidablement gentils. Et je crois savoir pourquoi?: parce que la France est formidablement belle et qu'ils portent en eux cette beauté-là.

Les paysages nous définissent plus qu'on le pense.

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Denis
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Denis


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeVen 15 Juil 2011 - 12:37

LES SOUS - L'autre jour, je vous ai parlé de ce gîte dans une ferme où la fermière ne voulait pas de moi parce que ceci, cela. Finalement j'étais resté, j'ai oublié de vous dire combien cela m'a coûté, n'oubliez pas, je suis seul, mais quand même?: la chambre, le souper, le petit-déjeuner: 40 euros... c'est à La-Grange-du-Bos, 4 kilomètres au sud d'Ussel... Ce qui coûte la peau des fesses en France, c'est l'essence et les autoroutes, le plein?: 55 euros; 200 kilomètres d'autoroute: 30 euros de péage. Et n'allez pas croire, la France n'est pas si petite, à force de dire que le Québec est grand comme 458 fois la France, on a fini par s'imaginer une France de la taille de la Montérégie, pas du tout, Paris-Nantes, c'est Montréal-Rivière-du-Loup, le bout de la Bretagne, c'est la Gaspésie. Par les autoroutes, ça te coûte 8456 euros. J'exagère.

MADAME LA MAIRE - Les grands journaux français sont pleins ces jours-ci de la course à la chefferie socialiste - ils disent les «?primaires?» pour faire américain -, bref pour décider du candidat socialiste qui affrontera Sarkozy aux présidentielles de l'an prochain. On pourrait dire autrement aussi que les socialistes vont s'élire un remplaçant à Dominique Strauss-Kahn en villégiature prolongée à New York.

La lutte se fait entre Martine Aubry et François Hollande, dieu merci cette crispante nounoune de Ségolène Royal, sur les rangs aussi, semble écartée de la course. J'aime bien Martine Aubry, 60 ans, au coeur de son programme, un mot?: solidaire. Oui, elle a de la Françoise David dans le nez, pas seulement dans le nez, dans le discours, dans les convictions, dans ce qu'elle dégage, une petite différence avec Françoise?? Martine Aubry se dit maire de Lille, pas mairesse, elle n'en met pas moins l'égalité hommes-femmes au coeur de son programme.

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agathe

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeVen 8 Juil 2011 - 1:29

Quel texte ! ça donne à réfléchir !
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diane2

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeJeu 7 Juil 2011 - 18:18

Décidément j'adore ce mot. (J'ai fait la même chose, je n'ai pas payé parce que je m'en fiche d'avoir un terrain où m'enterrer et de savoir où sont les os de mes parents. C'est dans mon coeur que je les porte.)

Superbe superbe.

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Denis
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Denis


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeJeu 7 Juil 2011 - 12:10

(Rigny-la-Nonneuse) Ne cherchez pas: «nonneuse» parce qu'il y a déjà eu dans le village un couvent avec des nonnes. J'ai grandi à 15 kilomètres d'ici, dans la petite ville la plus ordinaire de France, Romilly-sur-Seine. Je n'y retourne que pour aller au cimetière où sont enterrés mes parents. C'est toujours l'été quand je viens ici, un soleil de bagnard plombe sur les tombes, mes pieds crissent sur le gravier des allées, d'ailleurs je me trompe toujours d'allée, fuck c'est où? Je retourne à la maison du gardien, je l'interpelle par la fenêtre ouverte de son bureau, il pitonne sur son ordi: Pasquale Foglia? Ambrosina Lenzi? Il me montre sur le plan.
Vous êtes le fils? Pierre? Puisque je vous tiens, vous savez que la concession du caveau se termine en 2013?


Ah bon, et qu'arrivera-t-il en 2013?



Rien. On donne deux ans de délai. Mais en 2015, si vous n'avez pas resigné pour 30 ans, c'est le minimum, 30 ans, en 2015, on videra le caveau.


Vous voulez dire que vous allez enlever les os de mes parents? Pour les mettre où?


À l'ossuaire.


Ah bon. Peut-être que vous pourriez m'en garder un avant de les jeter?


Un quoi?


Un os. Un petit nonosse de ma maman.


La dalle est de faux marbre, toute nue, avec un crucifix noir dessus. Des plaques de mousse ont poussé sur la dalle, là où elle s'effrite. Ils sont en train de construire des condos juste de l'autre côté du mur du cimetière, haut dans le ciel la flèche d'une grue passe et repasse au-dessus de la tombe de ma mère. Remarquez, c'est celle de mon père aussi. Mais il a si peu compté de son vivant que je suppose que c'est pareil dans le caveau, elle a dû le tasser en petit tas, au fond.


Je trouve toujours quelque chose à leur dire. Cette fois j'ai été pratique: dis, maman, je resigne ou pas? J'ai entendu sa voix: C'est combien?


Deux mille euros.


Madona Santa! Deux mille euros. T'es fou, ne signe pas.


Vous aussi, vous trouvez ça cher? Chut... c'est pas vrai, c'est pas 2000 euros, c'est beaucoup moins, je lui ai dit 2000 juste pour qu'elle me dise de ne pas resigner. Je n'ai plus envie de revenir à Romilly. Je n'ai plus rien à y faire.


J'ai fait mon dernier tour. Ma petite rue Paul-Bert. Ma maison, au 13. Je frappe. Une femme âgée m'ouvre.


J'ai vécu ici 15 ans, madame, quand j'étais petit.


Entrez.


Exactement comme je vous le raconte: entrez! Tout de go. C'est même elle qui s'est excusée, excusez-moi, je suis malade. Par politesse, je lui ai demandé ce qu'elle avait. Sans hésiter une seconde, elle m'a dit qu'elle avait le cancer de l'utérus avec des métastases ici, elle me montrait le haut de son corps. Surréaliste, vous dites? J'étais debout, au centre de ce qui était jadis notre cuisine, je replaçais mentalement nos meubles, la table, le buffet avec ses portes vitrées, les photos du mariage de ma soeur en Californie, et il y avait cette femme qui me parlait de son utérus malade, on se dirigeait vers le fond de la maison. La salle de bain était-elle déjà ici, dans votre temps?, m'a-t-elle demandé.


Il n'y avait pas de salle de bain, madame, les toilettes étaient au fond du jardin. On est allés voir la chambre en haut, puis j'ai fait le tour du jardin...


Je peux vous demander combien vous l'avez achetée?


La maison? Elle n'est pas à moi. Je loue, 420 euros par mois. Ça ne fait pas longtemps. Il y avait des jeunes ici, la police venait souvent, ils élevaient des chiens méchants, vous savez, des Rockfeller...


Des rottweilers, je crois?


C'est ça, des Rockfeller. J'ai ramassé de la merde dans le jardin, vous n'imaginez pas.


J'ai dit adieu à tout ça, ma rue, ma maison, mon école juste en face, le lavoir un peu plus loin où ma mère allait avec la brouette rincer les lessives dans le ruisselet qui passe toujours là.


Je suis allé dire au revoir à Toto aussi, 90 ans. Le père d'Anne. Quand on a été grands, ma mère s'est mise à garder des enfants, dont cette gamine, Anne. Et c'est là que nous, ses vrais enfants, on a découvert un truc absolument stupéfiant, on a découvert que notre mère était une vraie mère, qui pouvait faire des minouches, bêtifier en parlant comme un ti-nenfant, acheter des bonbons, dire ma petite chérie d'amour, en italien en plus. Toto me l'a encore redit: tu sais que, encore aujourd'hui, Anne aime plus ta mère que vous, ses enfants, ne l'avez jamais aimée.


Ben tiens, elle n'a jamais reçu de claques sur la gueule, non plus.


Bref, j'ai fait mes adieux à ma rue, à ma maison, à Toto, à ma mère. Cette fois, c'est vrai, je suis vraiment orphelin.

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agathe

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 5 Juil 2011 - 1:05

vraiment sympa ! et des pommes de terre : c'est naturel ... et sans os... rire
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diane2

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeLun 4 Juil 2011 - 16:06

ok

J'adore ses papiers et je n'avais pas lu celui-ci... love
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeLun 4 Juil 2011 - 15:28

(Les Herbiers, Vendée) Et ça, mademoiselle, c'est quoi?
C'était l'autre midi au buffet de presse offert par le bureau de tourisme vendéen dans la petite ville des Herbiers. Alors ça, me dit la demoiselle, alors ça, c'est une petite brochette de caille, au foie gras poêlé, sur le dessus vous avez cette trace de framboise écrasée, le tout est enveloppé dans une feuille de figuier et arrosé d'un caramel de vinaigre de raisinaïe...

Pardon?

Raisinaïe, c'est un vin à dessert local...


Pour que vous vous représentiez bien la chose, je parle ici d'un amuse-gueule, une bouchée enfilée sur un bâton, comme les mini-saucisses que l'on sert au cocktail du congrès des denturologues de la Haute-Mauricie, sauf que ce n'est pas une mini-saucisse, c'est... c'est quoi déjà, mademoiselle?

Alors, nous disions, une petite brochette de caille, au foie gras poêlé, sur le dessus vous avez ce soupçon de framboise, le tout est enveloppé dans une feuille de figuier et imbibé d'un caramel de vinaigre de raisinaïe...

Je me suis mis ce truc en bouche en fermant les yeux comme un bigot qui reçoit l'hostie, deux secondes après, proche de m'étouffer, je sacrais: fuck y'a un os!

Ah mais monsieur dans les cailles y'a des os!

C'est le seul avantage des mini-saucisses des denturologues sur les les cailles vendéennes: y'a pas d'os dans les saucisses.

À ce buffet il y avait aussi des huîtres de Noirmoutier, des barquettes tartinées de beurre de langoustine, et des mogettes qui sont tout simplement des haricots blancs, mais d'une incroyable délicatesse par rapport à nos bines, par exemple, remarques les mogettes font tout autant flatuler que nos bines, mais en plus raffiné, disons des pets en forme de soupirs.

À ce buffet encore il y avait Jacques Sennechael, le rédacteur en chef de Vélo-Mag, le magazine des cyclistes québécois, Vendéen d'origine, Jacques est né ici même aux Herbiers. À ce buffet toujours, il y avait aussi Jean Soulard. Oui oui, lui-même. Le grand chef des cuisines du Château Frontenac. Il vient d'un petit village, assez quelconque d'ailleurs, La Gaubretière, tout près des Herbiers. Il est né là. Sa mère y vit toujours.

La pauvre femme.

Voilà une femme dont le fils est un très grand cuisinier. Allez sur l'internet, vous trouverez mille reportages qui célèbrent Jean Soulard, qui vantent sa créativité, son raffinement dans la simplicité, sa cuisine fraîcheur. Le voilà qui débarque pour une courte vacance chez sa mère. La pauvre femme, c'est normal, s'attend à ce que son fils, un des grands cuisiniers de ce monde, lui fasse je ne sais pas moi... comment elle disait ça la fille tout à l'heure? ... une petite brochette de caille, au foie gras poêlé, arrosé d'un caramel de vinaigre, le tout enveloppé dans une feuille de figuier...

Pas du tout! Vous savez ce qu'il lui a fait pour souper, à sa mère, l'autre soir?

Des patates!

Il est allé arracher des patates dans le jardin, les a fait cuire sans même les éplucher, je vous jure que c'est vrai, et ils les ont mangées comme ça, avec un peu de beurre...

Et du pain, précise-t-il.

T'es sérieux? Du pain? Toi, Jean Soulard, tu manges tes patates avec du pain?

Toujours.

T'as écrit combien de livres sur la cuisine, déjà?

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agathe

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeLun 30 Mai 2011 - 2:15

j'ai lu des passages... c'est un régal ! au début, je ne comprenais pas tout.... Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 738562 mais c'est comme ça.... je suis lennnnte ! lol !
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diane2

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeDim 29 Mai 2011 - 18:14

Je le lis religieusement... et je le relis ici et je l'adore. love
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeDim 29 Mai 2011 - 14:36

LES AUSTRALOPITHÈQUES L'autre jour, c'est incroyable, il a fait beau presque toute la matinée. Vous vous êtes précipités tous en même temps sur la tondeuse - ne niez pas, je vous ai vus. Vous aviez cet air penché qu'ont les australopithèques sortant du fond des âges ou y retournant, allez savoir.

Ce jour-là, il m'est venu que, la semaine précédente - enfin, il me semblait que c'était la semaine précédente -, il m'est venu que, la semaine précédente, je pelletais le toit de la grange, qui ployait sous deux pieds de neige. Il a commencé à pleuvoir à peu près quand je suis descendu de ce toit, à la mi-mars. On sera en juin la semaine prochaine, il pleut encore, et il vente, et il merde. Après-demain, il faudra ramasser les feuilles, les mettre dans des sacs. Quelques jours plus tard, il y aura à nouveau deux pieds de neige sur le toit.

Mon pays est de moins en moins mon pays, de plus en plus une corvée.


***


LE TOUR DE FRANCE La télé parlait de je ne sais quoi, je l'ai éteinte. Je me suis récité du Gracq à haute voix - ses Carnets du grand chemin traînent toujours pas loin. De toute façon, je sais par coeur ces paragraphes-là... Quand j'arrivai à bicyclette à Saint-Vaast, au bas de la route qui glisse en pente douce vers le port, je découvris un petit hôtel abrité de la rue, lové autour de sa cour endormie, tout tapissé de vigne vierge et de glycine.

On dit que les vieux n'ont plus de désir. Là tout de suite, j'ai pourtant le désir extrêmement aigu d'un petit hôtel aux volets fermés, tapissé de vigne vierge et de glycine.

C'est où Saint-Vaast? a demandé ma fiancée, qui pitonnait déjà sur l'iPad pour le savoir.

Ne me le dis surtout pas.

Et pour le Tour de France, as-tu décidé?

Le jeune collègue qui était affecté à la couverture du Tour a dû se désister; on m'offre de le remplacer. J'ai bien envie de la France, de vigne vierge et de glycine, mais du Tour, pas trop. On verra.


***


CARESSES On me demande des nouvelles de Nafissatoutou et Nafissatoutoune, les deux bébés écureuils dont on a trouvé la mère écrasée sur le chemin il y a un mois. Eh bien, d'abord, ce ne sont plus des bébés, mais des ados qui se couraillent du haut en bas du grand frêne, où ils ont toujours leur nid, sauf qu'en bas il y a celle-là que nous appelons La Fille, la psychopathe de notre troupeau de chats, qui nous rapporte des couleuvres, des grenouilles et même des hannetons.

Et bientôt un écureuil, hein, La Fille? Deux?

Elle grimpe sur mes genoux, s'y renverse paresseusement, tout écarquillée, la bedaine offerte. Tais-toi, ronronne-t-elle d'avance, tais-toi, caresse-moi.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Mai 2011 - 17:03

Ce matin était un bon jour... je l'adore et je le lis religieusement à chaque fois qu'il écrit quelque chose.
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Mai 2011 - 16:21

Je n'ai rien dit de l'affaire DSK. Pas un traître mot. Vous ne le croirez pas, je me suis fait critiquer pareil. Par mes collègues chroniqueurs, en plus. Même le plus gentil d'entre eux, même lui m'a dit: On sait bien, tu ne dis rien, pis quand on va avoir tous parlé, tu vas dire le contraire.
Une autre, plus malicieuse, m'a lancé: Je gage que tu vas écrire que le vrai scandale, dans cette histoire, c'est que ce type occupait une chambre à 3000$ la nuit alors que sa job, dans la vie, c'était d'aller faire chier les pauvres en leur disant qu'ils dépensent trop...

J'avoue qu'elle n'est pas tombée loin. Si j'avais écrit quelque chose, effectivement, cela aurait pu ressembler à ça (1). Mais je n'ai rien écrit, rien dit, pas un traître mot, à personne.

Même avec ma fiancée, on n'en a pas parlé. Sauf ce matin. Quelques mots.


Il est vrai qu'à la maison, nous sommes très occupés ces jours-ci par un autre drame, qui se passe dans notre cour. Pas aussi grave que celui de l'hôtel Sofitel, mais quand même. Deux orphelins dont nous prenons soin, dont la maman a été écrasée devant chez nous, dans le chemin.

Pas des chats. Des bébés écureuils.

On a trouvé la mère dans le chemin, donc, tuée par une auto. À ses tétines en activité, on a deviné qu'elle avait des bébés quelque part. On les a trouvés dans le frêne derrière la maison, un arbre considérable dont je vous ai déjà parlé, dont les maîtresses branches s'étirent jusqu'à la fenêtre de mon bureau. Mais c'est beaucoup plus haut qu'on a fini par découvrir, à travers le bourgeonnement des rameaux, deux petites têtes qui sortaient d'un trou du fût central. Il nous a semblé les entendre piailler: Maman, ousque t'es?

Bougez pas, les petits nonos, on va essayer quelque chose. On a réussi à passer une cordelette par-dessus la branche la plus proche de leur nid. Pour cela, j'ai dû l'attacher à un bout de brique que j'ai réussi à lancer par-dessus la branche. Les petits nonos ne comprenaient pas ce que je faisais, ils ont eu peur. J'en ai entendu un qui disait à l'autre: Il nous lance des briques!

Bref, notre monte-charge installé, on a fixé un petit panier à la cordelette. C'est le petit panier en osier dans lequel est vendu le Langres, ce fromage qui pue, je ne sais pas si vous connaissez. Les bébés écureuils ne connaissaient pas, ils ont fait ouache! quand on a monté le panier la première fois.

Mais ce n'était peut-être pas l'odeur du fromage. C'était sûrement à cause de ce qu'on avait mis dans le panier. On venait de manger des frites; on leur a mis des frites. N'en ont pas voulu. Il nous restait des nouilles de la veille: n'en ont pas voulu non plus. Des carottes: non plus.

Vous êtes bien difficiles, leur ai-je crié.

T'as pas du beurre de peanut? m'a lancé le plus déluré.

Il y en a un maigre et un dodu. Je crois que le maigre est un garçon et la doduse, une fille. C'est écrit dans Les mammifères de chez nous: la femelle de l'écureuil gris est souvent plus grosse que le mâle.

Pour revenir au beurre de peanut, holà! Les deux se sont garrochés dans le panier en même temps, s'en sont mis partout. Ça et les atocas. Mais le top du top, vous ne me croirez pas, on a acheté ça à tout hasard dans une animalerie: des croquettes de topinambour et panais avec des fleurs séchées. Ils capotent!

Fallait aussi leur donner à boire. Je ne vous raconte pas. Du toit de la maison avec le tuyau d'arrosage. Anyway, ça fait deux semaines que ça dure. Ce matin, en les regardant manger leurs bleuets - le matin, c'est des bleuets -, ma fiancée me dit: Tu crois pas qu'on devrait leur donner des noms? As-tu une idée?

Il se trouve que j'étais en train de lire mon collègue Richard Hétu sur DSK: On sait désormais qui est l'accusatrice de Dominique Strauss-Kahn, il s'agit de Nafissatou X.

Mais c'est joli comme tout, Nafissatou.

Pour un écureuil? Tu crois?

Voilà comment nous avons parlé, très brièvement, ma fiancée et moi, de l'affaire DSK pour la première fois ce matin. On est tombés d'accord tout de suite: Nafissatoutou pour le garçon, Nafissatoutoune pour la fille.

Mais je sens qu'on ne sera pas d'accord longtemps. Pour les écureuils, je veux dire. Je lis, toujours dans Les mammifères de chez nous, que l'écureuil gris est bavard et bruyant et se rend souvent insupportable. Plus loin: Il quitte l'arbre maternel vers l'âge de quatre mois.

Ce qui nous mène à la fin août.

À moins que... Extrait des «particularités de l'écureuil gris»: Sa chair est paraît-il succulente, dans certaines régions on en fait des pâtés appréciés des gourmets.

D'AUTRES BÊTES - Ce n'est pas écureuil que je voudrais être, c'est petite souris pour assister aujourd'hui, à la mairie de Québec, à la rencontre entre Amir Khadir et le maire Labeaume. Des étincelles? Je ne pense pas. Les deux sont fort civils. Les deux sont aussi redoutablement intelligents, avec toutefois un léger avantage à M. Labeaume, qui fait souvent semblant d'être un peu con, ce qui ne le rend peut-être pas plus intelligent, mais plus redoutable.

Pour rester dans mes histoires de bêtes, il y a de «La chèvre de monsieur Seguin» dans cet affrontement-là. Je me souviens juste de la fin du conte de Daudet. La petite chèvre résista toute la nuit et, à la fin, le loup se jeta sur elle et la mangea.

Ici, ce ne sera pas à la fin de la nuit, mais à la fin de l'été. Ce qui doit enrager encore plus le loup, c'est que la brave petite chèvre vient du Plateau.

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diane2

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 14:27

Mais si tu te sens faible Denis il faut prendre rendez-vous avec ton médecin, il va te donner de quoi t'aider, peut-être que tes médicaments ne sont plus adaptés non???

Merde je dois y aller et je n'aime pas te sentir si fébrile... bec
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Denis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 13:58

Oui ça m'a frappé l'image de cette veille indienne de 83 ans qui vit seul dans un endroit éloigné. Ça me redonne un peu de courage, je me sens faible et je me demande ce qui va m'arriver et il y a des gens qui ne s'en font pas trop avec ça et ils ont raison pourquoi s'en faire pour le travail de la mort dans le fond, elle fera bien sont travail tout seule, pas besoin de se préoccuper de l'aider ou de lui nuire, préoccupons-nous de la vie.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 13:35

J'adore ce texte. C'était dans la Presse d'aujourd'hui???

J'aime énormément Foglia. love
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 12:29

(Val d'Or) La campagne dans la circonscription d'Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou était commencée depuis deux jours quand Yvon Lévesque, le député bloquiste sortant, a dérapé en déclarant que les Blancs ne voteraient pas pour Roméo Saganash, le candidat vedette du NPD. Ce n'était pas formulé aussi clairement, mais ça disait exactement ceci: les Blancs n'éliront pas un Amérindien.
Ce n'était pas seulement maladroit. C'était complètement faux. Les Blancs ont voté en masse pour Saganash et pas du tout pour Yvon Lévesque.

C'est bien pour dire comme ce n'est pas toujours une très bonne idée de cracher en l'air.

À 49 ans, Roméo Saganash devient donc le député de cette circonscription où il est né, qu'il a quittée il y a 25 ans, mais sans jamais la quitter vraiment. Un territoire assez vaste pour être un pays, qui part de la réserve algonquine de Kitcisakik, au bord du grand lac Victoria, et monte jusqu'à la baie d'Ungava en englobant Val-d'Or, Chibougamau, Matagami, Senneterre, Lebel, Malartic, Amos.


Un territoire où vit toujours la maman de Roméo, toute seule dans le bois, à une heure et demie du village de Waswanipi, dans une cabane sans électricité. Elle a 83 ans. Sa voisine la plus proche est à 7 km (la voisine a 81 ans).

Qu'est-ce qu'elle fait là, votre maman, Roméo?

Elle vit. Ailleurs, elle mourrait.

Mais pour les courses et tout ça?

Les trappeurs lui laissent des trucs en passant, des trucs de première nécessité. Le soir, quand elle s'ennuie, elle lit Foglia...

Vous riez de moi, monsieur Saganash. C'est pas gentil.

Je ris un peu, mais tout le reste est vrai. Ma mère habite vraiment à une heure et demie de Waswanipi, dans une cabane sans électricité. C'est vrai aussi, elle fait un excellent méchoui de castor, pose des collets à lièvres, va à la chasse aux outardes. On lui a quand même donné un téléphone satellite, au cas.

Vous avez vécu là?

J'ai vécu au village de Waswanipi avant d'aller au collège à La Tuque.

Il devait devenir par la suite l'extraordinaire négociateur que les gouvernements blancs ont appris à connaître. Son nom est associé à nombre d'ententes avec les gouvernements, avec Hydro-Québec, avec les sociétés minières et forestières. Les plus connues sont la Paix des Braves avec Québec et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui a demandé 23 ans de négociations.

Depuis 1993, il est directeur des relations avec le Québec et le monde au Grand Conseil des Cris. Il vit à Québec.

Je me trouvais juste à côté de lui, dans le salon de la maison qu'il a louée à Val-d'Or pour la durée de la campagne électorale, quand Radio-Canada a confirmé sa victoire. Monsieur Saganash, il faut absolument que vous me fassiez une déclaration extraordinaire, le journal m'a envoyé ici exprès pour vous, je vous écoute.

Il a souri. Mais il n'a pas dit un mot. Pas pour m'embêter. Surtout pas parce qu'il n'a rien à dire. Il est comme ça: vraiment pas énervé. Il est arrivé après la fermeture des bureaux de scrutin, tandis que les premiers résultats tombaient à la télé. Il s'est fait une salade, une belle salade, qu'il a lavée, bien essorée; il s'est mitonné une petite vinaigrette qui avait l'air pas pire. Il n'avait pas du tout l'air concerné par ce qui se passait à la télé, qui pourtant parlait de lui de temps en temps.

Ce matin, il est allé faire son jogging - il court tous les jours. Jeune, il courait le 1500; plus tard, il a couru le marathon de Montréal en 2h36. On n'est pas loin du tout de l'élite. Il a joué au basket, au hockey, au football... C'est un genre d'Amir Khadir, peut-être pas aussi à gauche, mais il court beaucoup plus vite. Et au lieu d'être iranien, il est cri.

C'est bien aussi, cri.

Non, il ne sera pas le premier Autochtone du Québec député à Ottawa. Il y a eu avant lui un Montagnais, du Bloc.

Je vous en reparle bientôt, j'ai pris plein de notes.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeDim 1 Mai 2011 - 18:28

Ahhhhhhhhhhhhh je lis toujours ses chroniques, je l'adore. Parfois je les découpe pour les garder un bout. Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 241795
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeDim 1 Mai 2011 - 14:00

Texte de Foglia publié sur cyberpresse :

Je vous vois déjà tout décoiffés de la bourrasque annoncée pour lundi. Si j'ai bien compris, le Bloc et les libéraux vont en manger toute une. Je vous sens impatients d'aller voter socialiste, je devrais en être content, j'en suis seulement très vaguement amusé.

Je vous sens un peu frustrés aussi. Vos Canadiens se sont fait planter à Boston, c'est passé de travers, vous avez envie de le faire payer à quelqu'un, de briser quelques vitrines, de renverser quelques idoles. Duceppe à la trappe, allez hop. Coderre aussi? Ah non, pas Coderre, n'exagérez pas.


Ce n'est pas, anyway, ce dont parlera cette chronique. Cette chronique parlera de M. Ignatieff. J'ai en tête une phrase d'une récente chronique de mon collègue Vincent Marissal: bon produit, mauvais vendeur, M. Ignatieff était jugé avant que cette campagne commence. Il ne passe pas, point.



Ces dernières semaines, j'ai demandé à 12 000 d'entre vous pourquoi vous n'aimez pas M. Ignatieff, vous m'avez tous répondu: parce qu'il est arrogant. Des amis, des collègues, des gens, ma fiancée, même jugement lapidaire et péremptoire: arrrr-ro-gant. Dans un pays comme le Canada, où l'arrogance vient tout de suite après la pédophilie comme empêchement absolu à la citoyenneté, M. Ignatieff était condamné d'avance.


Surtout que ça n'en prend pas tellement pour être perçu comme arrogant dans ce pays. Tu maîtrises bien ton discours? T'as l'air de savoir ce que tu dis? Au lieu de tout simplifier, tu apportes des nuances qui rendent compte de la complexité des choses? Tu ne te caches pas d'être un intellectuel? T'es rien qu'un arrogant.


T'as pas une tête de mononcle comme la plupart des leaders politiques? T'es arrogant. T'as de l'ambition, c'est clair, des titres universitaires pour la porter, est-il assez arrogant, ce crisse-là?


Dois-je le préciser? Je ne partage rien avec M. Ignatieff. Si je votais, je ne voterais jamais pour lui. Reste qu'il a été, à mon avis, le politicien le plus décent de la campagne qui s'achève. Celui qui a le moins fait la pute. Celui qui nous a le moins pris pour des cons (comme l'a fait à répétition ce brave Jack, par exemple).


J'ai aimé aussi que M. Ignatieff ne soit pas hargneux sur la question de l'indépendance du Québec comme l'était M. Dion. J'ai aimé sa gaucherie dans les machins populaires. Gauche, mais jamais populiste comme M. Harper l'est tout le temps.


Parlant de M. Harper, lui aussi est un intello. Probablement un des phares les plus brillants de l'intelligentsia de la droite. La différence c'est que lui sait que se montrer intelligent est une tare rédhibitoire au Canada, alors il fait l'épais, juste ce qu'il faut pour que le Canadien moyen se reconnaisse en lui.


Quand M. Ignatieff est apparu sur la scène politique, j'ai annoncé qu'il était le grand leader que le Canada attendait depuis Trudeau. C'est pour vous dire que, contrairement à M. Harper, je n'ai vraiment pas à me forcer pour faire l'idiot. Bon produit, mauvais vendeur. Arrogant. Intello. Un petit peu étranger aussi. Ignatieff, c'est pas russe ça? Sont chiants, les Russes, non? Pas comme les Ukrainiens, y'en a plein en Saskatchewan, ils se tiennent tranquilles et tout, ils veulent même pas devenir premier ministre du Canada.


Une pub télé particulièrement meurtrière des conservateurs demandait aux Canadiens: Pourquoi pensez-vous qu'il est revenu? Pour vous? Comptez sur les conservateurs pour toujours mettre le doigt dans le glauque et l'inavoué du citoyen.


Vous êtes sous le choc de ce sondage qui nous annonce de grands changements, je vous comprends, nous allons probablement passer d'un gouvernement conservateur minoritaire à... un gouvernement conservateur minoritaire.


Je me passionne moins que vous pour la «game» politique, mais peut-être plus que vous pour la vie-mon-vieux. Voilà pourquoi, pour moi, l'événement de cette campagne électorale aura été le rejet de M. Ignatieff par les Canadiens.


Vous ne m'enlèverez pas de l'idée que dans ce rejet il y a tout le glauque, tout l'inavoué de la psyché canadienne. Et que c'est là une réalité qui nous interpelle infiniment plus que le succès amusant de Jack.


MARIAGE Quand je suis descendu pour pisser ce matin vers 6h, ma fiancée était devant la télé. Pis, fiancée, c'tu beau?


Très, très beau.


Aimerais-tu ça qu'on se marie aussi, mon amour? Les gens me demandent souvent: pis allez-vous finir par l'épouser, votre fiancée?


Si je te dis oui, me feras-tu duchesse de quelque chose?


Euh... duchesse de la Rivière-aux-Brochets qui passe un peu plus loin sur notre chemin, ça te plairait?


Cette même rivière qui déborde de partout, ces jours-ci et roule ses eaux boueuses sous le pont Zéphyr-Falcon à Bedford?


Celle-là même, mon amour. Savais-tu que du côté de Saint-Ignace, les lecteurs ne me croiront pas, mais ils peuvent vérifier la chose sur l'internet, savais-tu que cette Rivière-aux-Brochets a pour modeste affluent un ruisseau nommé le ruisseau Morpions?


Tais-toi.


Comme je remontais me coucher, il m'a semblé que la duchesse du ruisseau Morpions essuyait une larme en regardant la duchesse de Cambridge caracoler dans son carrosse d'or tiré par quatre chevaux blancs.
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeSam 29 Nov 2008 - 14:42

Voici un texte de Foglia que je lis aujourd'hui sur cyberpresse et dont je pense que je n'ai pas perdu mon temps à le lire, je vous le copie donc... J'ai cette sorte de pensée ou de culpabilité profonde plutôt qui donne un goût de tristesse à tout.



Citation :


Vous le savez, j'ai pour les chats un amour déraisonnable. Pour presque tous les animaux, en fait. Oui, oui, les humains compris. Mais les humains sont plus difficiles à aimer, convenez-en. À moins de s'y astreindre par conviction religieuse, ce n'est pas si facile d'aimer les gens, surtout les plus proches.
J'ai eu quelques grands amis, dans ma vie, dont mes fiancées ont été jalouses parce qu'ils étaient souvent plus qu'elles pour moi. Eh bien, même ces amis-là m'ont quelquefois si déçu que, ces quelques fois-là, je me disais: fuck, ce serait mieux un chien.
Je parlais sans savoir parce que je n'avais jamais eu de chien. J'ai eu mon premier chien il y a trois mois, à mon retour de Chine. Une annonce dans la vitrine du magasin général du village. Une petite chienne noir et blanc d'un mois et demi, née d'une mère plus ou moins boxer et d'un papa presque bull-terrier - une vraie petite bâtarde, mais avec beaucoup de terrier dans le nez.
Je ne savais rien des chiens. Je ne savais pas que leurs bébés n'écoutent rien, ne comprennent rien. C'est pourtant écrit dans tous les livres canins, mais je les ai pas lus. Il y aurait d'ailleurs des nuances à apporter là-dessus. Le premier jour, je l'ai mise dans la brouette et l'ai emmenée dans le bois: viens, Bestiole, on va aller voir le terrier de la mouffette. Le nom lui est resté : Bestiole. Le deuxième jour, encore la brouette. Le troisième jour : tu viens dans la brouette, Bestiole? Glapissements de joie, son bout de queue me battait le bas du pantalon.

Elle avait déjà appris que ce mot-là, brouette, signifiait le sentier jusqu'à l'ancienne cabane à sucre, le lit du ruisseau à sec et le talweg moussu qui le borde, les vieilles souches, le terrier heureusement déserté de la mouffette, un chevreuil qui détale...
Que les spécialistes de l'âme canine m'expliquent pourquoi, après trois fois, elle avait compris brouette mais que, après 300 fois à lui répéter sur tous les tons : pas pipi dans le salon, pas pipi dans le salon, elle continuait de pisser dans le salon, dans la cuisine, dans la chambre, dans mon bureau. Et pas seulement pipi.
J'ai compris que j'allais avoir à la dresser, et je me connais, je suis nul là-dedans, demandez à mes enfants.
Je m'en suis débarrassé. J'ai honte du mot, mais c'est ça pareil: je l'ai portée chez des gens qui n'ont même pas de brouette. Dans l'auto, en revenant, ma fiancée retenait ses larmes. Moi pas. Je pensais à toutes ces fois où j'ai hayi mes meilleurs amis en me disant que ce serait tellement mieux un chien.
En tout cas, je sais maintenant pourquoi j'ai pour les chats un amour déraisonnable : parce qu'ils n'ont pas besoin de moi. Quand on n'a pas besoin de moi, je suis pas si pire.
On a un nouveau chat. Un chat sauvage qui ne veut rien savoir de nous, sauf la bouffe qu'on lui laisse sur les marches du perron. Il se sauve comme un fou quand on ouvre la porte. Quand la distance lui paraît sécuritaire, il s'arrête pour voir si on laisse des croquettes sur les marches et il revient les bouffer, toujours aux aguets, prêt à déguerpir, on dirait un chat à la frontière du Liban et de la Syrie.
Ma fiancée lui a fait une cabane pour les grands froids. Une boîte en bois avec deux couches d'isolant rigide, finition au papier pare-vapeur argenté qui donne un air de discothèque au petit refuge. Une grosse ampoule encastrée dans un pot à fleurs apporte la chaleur. Dans les assez grands froids qu'on a eus à la mi-novembre, il faisait 8°C dans sa cabane.
Ici, exactement ici, je sais ce que les lecteurs que ces chroniques animalières exaspèrent s'apprêtent à m'écrire.
Les frustes: avez-vous songé, monsieur le chroniqueur, que pendant ce temps, les sans-abri...
Les darwinistes sociaux : votre pop éthologie donne à penser que, effectivement, l'homme, mais surtout le chroniqueur, se rapproche de plus en plus de la bête.
Il y a quelques années, un lecteur particulièrement exaspéré m'avait envoyé une caricature du magazine Time (ou New Yorker?) qui montrait un chien et son maître. Le chien est couché au pied du maître dans une attitude de totale soumission-adoration ; dans la bulle qui sort de la tête du chien, un seul mot: Food!
Il est bien possible que les animaux domestiques ne soient rien de plus qu'un estomac. On s'en fout. D'ailleurs, l'anthropomorphisme ne vise pas, comme on le croit, à prêter des sentiments aux chats et aux chiens, c'est juste une autre tentative d'en prêter aux humains.
L'autre soir, les coyotes sont encore venus glapir et ricaner au pied de notre galerie. Le coyote ne hurle pas comme le loup, ses jappements s'étranglent au fond de sa gorge en ricanements saccadés : ay! ay! ay! Tandis que ses petits rient carrément d'un rire aigu de sorcière.
Les premières fois, on est impressionné, et puis on comprend qu'ils jouent. Combien sont-ils? Une famille entière, sûrement: papa et maman coyotes, et quatre ou cinq petits.
Ils me suffit d'allumer la lumière de la galerie pour qu'ils se taisent. J'ouvre la porte : pas de course précipitée dans les fourrés. Ils restent là, tapis.
Je m'avance alors en pleine lumière sur la galerie, comme un acteur sur une scène, et je commence à leur déclamer la fin de La mort du loup, de Vigny - enfin, à peu près, ça fait quand même 55 ans que je l'ai apprise:
Nos couteaux se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles
Le clouaient au gazon tout baigné de son sang
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant
Il nous regarde encore et se recouche
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche
Et meurt sans jeter un cri... (1)

J'ai salué. Je suis rentré. J'ai éteint la lumière de la galerie. Les coyotes s'en sont retournés vers leur tanière.
C'était beau, hein? a dit papa coyote.
Oui, mais c'est triste, a dit maman coyote. J'aime mieux quand il chante La Belle de Cadix.
Chante-la! ont aussitôt réclamé les enfants. Allez, maman, chante-la!
Quand je les ai entendus, ils avaient déjà atteint le bois, ils reprenaient le refrain ensemble: tchi-ca-tchic Ay! Ay! Ay!

***
(1) Ce que Vigny nous dit, là-dedans, c'est : souffre, meurs et ferme ta gueule. À peu près.



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MessageSujet: Pas la peine d'Acheter des fruits s'il n'y plus rien dedans   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMer 25 Juil 2007 - 22:03

Juste une petite opinion de Foglia que je repique ici en passant :



Citation :
Retour sur la chronique des fruits de jeudi dernier. J'y rapportais qu'une fois sur trois je jette les fruits que je viens d'acheter au marché Jean-Talon, au Métro de mon village, chez les fruitiers chic comme aux étals des producteurs locaux. Le genre de chronique que j'aborde en me disant: cout'donc? C'tu juste moi?


Ça c'est vrai, on se fait avoir une fois sur deux avec les fruits parce qu'ils voyagent des journées de temps par camions souvent quand ça arrive sur les étalages, ils sont encore très beau mais ça ne goûte plus rien. Les vitamines et protéines etc. pas la peine d'en parler, ça fait longtemps que c'est parti.

Autant regarder l'image d'un apricot sur internet, ça doit être aussi bon pour la santé...
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 19 Juin 2007 - 15:30

Toujours en fouinant dans les textes des pseudos-intellectuels québécois, voici ma réponse sur le pourquoi le fromage coûte cher...Je mets ces textes parce qu'ils sont relaxants...

Voici l'article :



Daniel Pinard me donne rendez-vous au Tapeo, rue Villeray. Après un hiatus de quelques années, le plus érudit de nos gastronomes prépare son retour à la télévision, l'automne prochain.

Le vendredi soir, il proposera à Radio-Canada le magazine Du coeur au ventre, qui traitera d'agriculture, de terroir et de cuisine. Thème presque obligé: la bouffe.

Marc Cassivi: Je me suis dit, pourquoi l'éviter, parlons de bouffe. D'autant plus que votre nouvelle émission touche à l'agroalimentaire

Daniel Pinard: C'est strictement la continuation de ce que je faisais à l'époque avec Ciel! mon Pinard. L'idée étant de rencontrer des producteurs sur place. (...) Ce qui me pousse à vouloir recommencer à faire ce travail-là, c'est qu'on a persuadé les gens que cuisiner était impossible et qu'on le faisait à ses risques et périls. Quand j'ai commencé Ciel! mon Pinard, je ne me lavais pas constamment les mains. J'ai autre chose à faire sur un plateau de télé que de me laver les mains compulsivement. Mais on avait des téléphones: «Vous avez touché à du poulet et vous ne vous êtes pas lavé les mains!» Je regardais la caméra et je disais, surtout pour les inspecteurs: «Non, je ne me suis pas lavé les mains.» On vit avec une espèce de hantise de la mort qui préside à nos débats alimentaires et qui est en train de me rendre malade. La bouffe est devenue le lieu de notre discours non assumé sur la mort. Ça me fatigue beaucoup. Les gens sont obsédés par les étiquettes. «Il y a combien de glucides?» En plus, il y a tous les thuriféraires et les dames de Sainte-Anne, les nutritionnistes, qui viennent faire leurs génuflexions devant le pape.

M.C.: En même temps, il y a eu une évolution dans la bouffe qui est indéniable. Quand j'étais petit, la palette de légumes disponibles était assez restreinte...

D.P.: Dans mon temps, c'était des carottes, du navet, des patates. Point. Ce n'était pas très compliqué. Effectivement, on s'est ouvert à beaucoup de choses mais d'une façon qui me semble souvent malsaine. C'est-à-dire qu'on s'est ouvert sous la pression des multinationales de la distribution alimentaire, qui ont éliminé les saisons parce que ce qui est payant, c'est d'échapper à la saison. J'ai fait de la pub pour Provigo pour savoir comment ça marche. Mon contrat était très restrictif. Je pouvais choisir ce que j'allais applaudir. J'ai compris qu'on faisait des pubs de poivrons en février parce que les faire durant l'été, lorsqu'il y a des poivrons disponibles au Québec, ce n'est pas rentable. On nous martèle de pub avec des produits qu'on n'a pas par définition. C'est pour ça qu'on vend des pommes du Canada en France mais qu'on ne trouve plus de Russett dans nos supermarchés. C'est le temps des asperges québécoises, et elles sont introuvables au centre-ville de Montréal. On n'est pas malades un peu! On est en train de s'acheter des asperges d'Amérique du Sud, qui sont fatiguées, qui ont voyagé, et qui sont d'ailleurs subventionnées sans qu'on le sache. Je vais avoir l'air de couper les cheveux en quatre, mais il faut quand même compter le transport comme une subvention indirecte puisque le pétrole est vendu aux compagnies aériennes pratiquement sans taxe. Tu savais ça?

M.C.: Pas du tout.

D.P.: Peu de gens le savent. Ça date d'après la guerre. C'est la raison pour laquelle ça ne coûte pas cher de faire venir ici des asperges péruviennes. C'est complètement con! Mais comme on vit dans l'idéologie de la mondialisation et que notre héros national est Bernard Landry, on ne se pose pas trop de questions. On se retrouve dans une société où, par définition, ce qui vient d'ailleurs est meilleur. Trouver des pommes québécoises est devenu un aria. On dira évidemment, et c'est vrai, que l'on ne produit plus que des MacIntosh. Parce que le gouvernement ne fait rien pour décourager ce genre de production unique et qu'il n'aide pas ceux qui font de la pomiculture dite traditionnelle ou biologique. Est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi on importe au Québec des fromages au lait cru qui ont 15 jours, alors qu'on oblige les producteurs d'ici à les conserver 60 jours? On se plaint que le fromage coûte cher au Québec. Je comprends! Quand on sait comment ça marche et combien ça coûte en quotas laitiers... Si ça te coûte un million pour avoir des vaches avant même que t'aies acheté une vache, ne te demande pas pourquoi ton fromage va coûter cher. L'Union des producteurs agricoles me contredira en disant que le fromage européen est subventionné, ce qui est vrai.

M.C.: C'est donc beaucoup une question d'importation et d'exportation?

D.P.: Entre autres. Mais la raison principale, c'est que le gouvernement oblige les fabricants de fromage à s'installer dans des cuisines qui ne sont accessibles qu'aux Kraft de ce monde, parce qu'il y a pour 300 000 $ d'acier inoxydable à payer avant même d'avoir ouvert la bouche. Pourquoi ne pas favoriser l'achat local? Il faut tout repenser ça. Certains y repensent. J'ai entendu quelques mots intelligents à ce sujet de notre ami Mario (Dumont). Il n'a pas trop dit de conneries. Cela m'a bien amusé lorsqu'il est allé visiter une ferme pour que les caméras témoignent de son statut presque ontologique d'agriculteur. Sa fille a dit: «Papa, ça pue!» Ça nous donne une idée du nombre de fois qu'elle a mis les pieds dans une étable. Il produit encore du maïs. J'aimerais savoir combien il est subventionné de l'hectare. Cela étant dit, il est temps que quelqu'un prenne le taureau par les cornes et mette un terme au monopole de l'UPA afin que les gens puissent produire comme ils veulent. Il y a trois syndicats agricoles en Ontario et l'agriculture ontarienne se porte infiniment mieux que la nôtre. Elle n'est pas subventionnée de la même manière. Évidemment, nous on fonctionne selon le modèle québécois...
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MessageSujet: Rien d'énervant   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMar 24 Avr 2007 - 11:49

Je mets ce texte un peu long, un peu compliqué dans sa structure pour nous sortir un peu de nos problèmes. En effet, le temps qu'on "gruge" après ce texte pour savoir de quoi ça parle, on ne pense pas à notre cancer.



Enfin, je suis d'accord que le fromage c'est cher mais on a qu'à pas en acheter. Je suis d'accord aussi qu'il y a des produits qui sont dessinés pur être supposéement bons pour la santé et qui ont un goût épouvantable. Pour le reste, je ne connais pas la crécelle d'Amérique ni le roman dont il parle. Foglia est un espèce d'intellectuel montréalais qui gagne sa vie avec des textes qui n'ont pas beaucoup de signification semble-t-il. Si vous voulez le défendre, c'est libre à vous, le temps qu'on parle de ça...







Pierre Foglia : C'est pas pour me vanter...

[email]Pierre Foglia[/email]

La Presse

C'est pas pour me vanter, mais j'ai roulé samedi et dimanche. Et dimanche, sur le chemin Saint-Armand, pas très loin de mon ancienne maison, j'ai trouvé un faucon sur la route, il venait de se faire heurter.

Le plus petit de tous les faucons, un rapace miniature qu'on appelle crécerelle d'Amérique, la tête peinturlurée comme un masque nègre, la queue et le dos roux, le duvet du ventre ocelé de taches grises, une magnifique petite machine à tuer et pourtant si douce et si tiède dans ma main.

Je suis entré dans la cour de mon ancienne voisine, Jip. Son border collie a essayé de me manger : j'ai même pas peur de toi, lalalèreu. Mme Chamberlin est sortie, elle a vu l'oiseau : What a beautiful thing...

Elle m'a donné un sac de plastique de chez Metro, j'ai mis la crécerelle dedans. J'ai attaché le sac à mon poteau de selle et j'ai repris ma randonnée. J'ai monté trois fois la côte à Kyling, je monte toujours les côtes trois fois en début de saison pour les réapprivoiser. Puis j'ai enfilé le bucolique rang Saint-Henri jusqu'aux carrières. Sur le chemin Philipsburg, les chiens furieux de Pierre Paradis (oui, oui, le député préféré de M. Charest) m'ont fait un brin de conduite. Dans Bedford, sur le pont Zéphyr-Falcon - je vous mets au défi de trouver un plus beau nom de pont dans tout l'hémisphère nord - sur le pont Zéphyr-Falcon, des jeunes filles en bermudas riaient en renversant la tête comme si c'était l'été. À Mystic, à l'Oeuf, j'ai caressé le chat gris dont j'oublie toujours le nom : t'appelles-tu Momo ? Juste la façon dont il m'a regardé d'un air découragé, il ne s'appelle pas Momo.





À Saint-Ignace, rien à Saint-Ignace. Ni personne. J'ai traversé mille fois Saint-Ignace à vélo, je n'ai jamais vu âme qui vive. Je pense que les habitants de Saint-Ignace ont été secrètement déportés en Papouasie, en Acadie, en Moldavie, alouette... Parlant d'alouette : Pis ? L'oiseau ? m'a demandé ma fiancée alors que je venais à peine de débarquer du vélo.

Comment sais-tu ?

Mme Chamberlin a appelé.

J'ai sorti la bête du sac Metro. Ma fiancée a regardé dans son guide des oiseaux, c'était bien une crécerelle parce que, dit le guide, aucun autre petit rapace n'a de roux sur la queue.

C'est pas pour me vanter, mais c'est pas vrai. Je pourrais donner des noms.

FROMAGE Ce n'est pas pour me vanter, mais la première fois que j'ai goûté au Termignon, c'est la dernière fois que le Tour de France est passé par le col de la Madeleine. Je m'étais arrêté à Bessans, village qu'on traverse en descendant la Madeleine. Le Termignon est un fromage unique, du nom d'un autre village de la vallée, sur l'autre versant de La Madeleine en allant vers Modane. Un bleu d'alpage qui bleuit naturellement contrairement aux autres bleus qui sont « champignonnés artificiellement «, mais surtout le Termignon n'est produit que par quelques fermiers. En France on en trouve à... Termignon-la-Vanoise, à Bessans, dans quelques chics fromageries, - j'en ai trouvé une fois à Paris à l'épicerie du Bon Marché, rue de Sèvres. Il est aussi servi, me dit-on, sur la table de quelques grands restos, mais, m'avait niaisé le gargotier de Bessans, c'est sûr, vous ne le trouverez jamais au Canada.

J'ai trouvé du Termignon chez Hamel la semaine dernière. 79 $ le kilo ! Folie folle que je ne recommande pas aux bouches trop délicates, ni aux amateurs de bleu onctueux genre gorgonzola. Il y a dans ce bleu-là une rugosité, presque une âpreté, du grain comme on disait jadis, en fait c'est un fromage de jadis.

PLACEMENT DE PRODUIT Un des chefs fromagers de chez Hamel m'a promis qu'il me mettrait un kilo de Termignon de côté en échange des quelques lignes qui précèdent. Comment ça, c'est pas correct ? Branchez-vous. J'ai écrit récemment deux chroniques pour dénoncer le placement de produits et que m'avez-vous dit ? Vous m'avez dit que j'étais un tata, vous m'avez dit qu'il n'y avait rien de plus normal que le placement de produits. Allume Foglia ! Ça dérange qui ? O. K. d'abord, ça ne me dérange pas moi non plus.

Me demande quel vin irait bien avec ce genre de fromage un peu terreux. Je ne connais pas bien les vins. As-tu une idée, Guy-A ?

PLACEMENT DE PRODUIT, BIS C'est pas pour me vanter, mais j'ai bu l'autre jour un truc étonnant que ma fiancée a acheté à l'épicerie. C'est un jus de fruits et légumes présenté dans une sorte de petite amphore verte, un produit de Californie, Bolthouse green goodness, en français la bonté verte. Écoutez bien tout ce qu'on trouve dans ce breuvage : du jus de pomme, du jus d'ananas, de la purée de mangue, de la purée de banane, de la purée de kiwi, du jus de limette, du brocoli, du thé vert, des épinards, de l'orge, du blé, de la purée de tamarin, de l'ail inodore... Quelle époque formidable, non ? T'aimes pas l'ail ? Pas de problème, il y a maintenant de l'ail inodore. Je poursuis la liste des ingrédients : du jus de citron, du topinambour, de la spiruline et ça se termine par : et arôme naturel ! Pomme, ananas, mangue, banane, kiwi, épinards, topinambour, limette, brocoli... un peu d'arôme naturel avec ça ? Arôme de quoi ? Arôme d'arôme, mon vieux. Odeur d'odeur. Effluve d'effluve. Parfum de parfum.

Ce que ça goûte ? Ça goûte la brillantine. Vous avez déjà bu de la brillantine ? Moi non plus avant ce truc-là.

QUOIQUE C'est pas pour me vanter, mais je m'apprête à relire le Adolphe de Benjamin Constant. L'idée m'en est venue en feuilletant un dictionnaire de littérature dans lequel on résume ce grand classique ainsi : Adolphe, qui a 22 ans, fait la connaissance d'Ellénore, encore belle, quoique ayant dix ans de plus que lui.

Vous avez quoi, madame ? 34, 35 ? Allez c'est pas si pire que ça, quoique...
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pauthina

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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeMer 6 Juil 2005 - 9:08

C'est drôle

En France il y beaucoup d'endroit ou on prononcent des â â â â â comem chez moâ

Pour les poulets je crois me souvenir que c'est un nombre de semaines, tant de semaines avec la mère dans la nature et tant de semaines sans la mère car après le poulet n'est plus un poulet, ills atteignent leur maturité sexuel donc sont plus dur, ils deviennent des coqs ou des poules , un truc comme ca!!
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Denis
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Denis


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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitimeLun 4 Juil 2005 - 16:34

J'ai garoché ce bout de texte sans explication, en réalité la scène se passe en France dans les alentours du Tour de France. C'est un journaliste québécois Pierre Foglia qui parle. Je trouvais ça drôle...

Régis
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MessageSujet: Re: Des textes de foglia (journaliste au québec)   Des textes de foglia (journaliste au québec) - Page 2 Icon_minitime

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