Grâce à des tests génétiques permettant d'évaluer le risque de récidive et de métastases de certains cancers du sein, on devrait, dans l'avenir, affiner encore la prise en charge et limiter les surtraitements
"Même si les femmes atteintes d'un cancer du sein comprennent les enjeux du traitement, quatre mois de chimiothérapie provoquent un vrai bouleversement dans leur vie familiale, sociale et professionnelle. » Ces propos du Dr Hervé Naman, oncologue, soulignent d'emblée l'importance d'affiner encore le pronostic des tumeurs. Pour que chaque patiente reçoive le juste traitement. Et c'est tout l'intérêt du test OncotypeDX, qui, en mesurant l'expression de 21 gènes dans la tumeur mammaire, permet d'évaluer la probabilité de récidive de la maladie et donc le bénéfice d'une chimiothérapie
Un impact médico-économique
Déjà utilisée aux Etats-Unis, cette approche est depuis quelques semaines en cours d'évaluation en Europe. Le Centre azuréen de cancérologie de Mougins fait partie des six établissements français qui la testent. « Cette étude clinique va mesurer, pour la première fois en France, l'impact d'OncotypeDX sur le nombre de traitements par chimiothérapie, administrés selon les stratégies thérapeutiques en cours en France », résume le Dr H. Naman, qui fait partie de l'équipe des investigateurs mouginois. Il n'est donc pas question d'évaluer l'efficacité du test génétique - celle-ci ayant déjà été largement démontrée, mais de mesurer l'impact sur le choix des traitements et son corollaire médico-économique. En clair : combien ça coûte ? Et pour quels bénéfices ? « D'un côté, il y a le coût du test, environ 3 000 euros ; de l'autre, la possibilité d'éviter une chimiothérapie, jamais anodine, avec son lot d'effets secondaires, ainsi que les examens et les traitements de support qui lui sont associés. » Ce qui peut à la fois être bénéfique pour les patientes et l'Assurance-maladie !
Un bémol toutefois : seul un certain type de cancers du sein est concerné, les tumeurs dites de « pronostic intermédiaire » (avec des récepteurs d'oestrogènes positifs et sans atteinte des ganglions de l'aisselle). « Ces tumeurs, qui représentent près de la moitié des cancers du sein diagnostiqués (25 000 sur 52 500 en 2010) se traitent par une hormonothérapie, associée dans 85 à 95 % des cas à une chimiothérapie. Or, l'histoire naturelle de la maladie montre que plus de 50 % de ces patientes sont surtraitées, qu'une « simple » hormonothérapie aurait pu suffire. »
OncotypeDX agirait ainsi à la manière d'un filtre, permettant de sélectionner les patientes qui peuvent effectivement tirer bénéfice d'une chimiothérapie.
Selon le Dr Naman, il ne fait aucun doute que les tests génétiques deviendront dans l'avenir un outil clé dans la prise en charge d'un bon nombre de cancers. Et l'actualité lui donne raison, puisqu'après le sein, c'est au côlon qu'OncotypeDX s'intéresse.