Sagesse

Mon rêve familier (Paul Verlaine 1844 - 1896)



Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, qui m'aime et me comprend.

Car elle me comprend et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seul, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, si calme et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Oui, c'est beau. J'avais déja entendu ce poême, chanté par Ferré, mais je ne m'étais pas arrêté sur son sens. La mélodie et le choix des mots bercent tant qu'on en oublie de chercher un sens.

Le sens que j'y vois maintenant c'est que cette voix reconnue et chère, c'est celle d'un parent décédé qu'on imagine encore vivant et fier. Passé dans un paradis où il a une plus grande connaissance de toutes choses, il veut nous enseigner que la trame de la vie est l'amour et que rien de la haine ni de l'envie ne reste la mort venue .

Toutes choses qui ne sont pas des grandes révélations mais combien plus chères à nos yeux si elles sont présentés par nos parents décédés. Ce petit coin intime de nous, Verlaine a l'habileté de nous le révéler et ce qui n'était qu'une idée un peu folle, un sentiment flou pour nous devient dès lors reconnu comme un sentiment universel. Et Tortue s'en trouve grandit aussi à nos yeux de retransmettre ce message. Merci Tortue !

Denis

j'adore tortue , merci