Un médicament pourrait freiner la progression du cancer du sein
Malorie Beauchemin
La Presse
Un médicament encore à l'étude pourrait contribuer à freiner la progression du cancer du sein chez les femmes qui ne répondent plus aux autres traitements.
Après deux années d'études sur 321 femmes atteintes, un groupe de chercheurs américains a conclu que le
Tykerb, jumelé à un traitement de chimiothérapie appelé
Xeloda, avait freiné considérablement la progression de la maladie.
Les réponses ont été tellement concluantes que les chercheurs ont décidé d'arrêter de recruter des femmes cancéreuses pour les essais cliniques. Les 160 patientes qui ont été traitées au Tykerb et au Xeloda n'ont pas vu de progression de leur tumeur avant huit mois et demi. À l'opposé, celles qui n'ont été traitées qu'au Xeloda ont connu une progression de la maladie après quatre mois et demi en moyenne.
« Nous pensons qu'il s'agit d'une arme supplémentaire dans la lutte contre la progression du cancer du sein », a expliqué à La Presse le Dr Charles Geyer, de l'hôpital général Allegheny de Pittsburgh, qui était à Atlanta samedi pour présenter les résultats de sa recherche devant les membres de la Société américaine d'oncologie clinique, réunis en congrès annuel.
Les cancers du sein sont détectés chez la femme à différents moments, et ont donc plusieurs niveaux de gravité. Lorsqu'ils sont métastatiques, donc très sévères, ils ne peuvent plus être guéris. L'objectif devient donc de les contrôler.
En 1999, Santé Canada autorisait un nouveau médicament, le Herceptin, qui représentait alors une petite révolution dans le ralentissement de la progression du cancer du sein avancé. Les patientes à qui le Tykerb pourrait profiter sont surtout celles qui ne réagissent plus au Herceptin et aux autres traitements.
« C'est très utile d'avoir plus d'un médicament qui fait à peu de choses près le même travail, a ajouté le Dr Geyer. Le Tykerb pourrait venir amplifier la révolution initiée par le Herceptin. »
Les effets secondaires observés chez les patientes n'ont pas été très importants considérant la gravité de la maladie traitée. Il s'agit surtout de diarrhée et d'érythème, deux effets aussi provoqués par les autres traitements du cancer du
disponibles. Autre aspect majeur, il semble que les effets du Tykerb pourraient aussi traverser la barrière hémato-encéphalique et ainsi aider à contrôler les métastases cérébrales, ce que d'autres médicaments n'arrivent pas à faire.
Encore à l'étude, le médicament n'a pas été approuvé par Santé Canada ni par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, et ne peut donc être utilisé en dehors des essais cliniques.
Sa mise en marché, s'il reçoit l'approbation, ne devrait pas se faire avant plusieurs mois.