2005-01-15
Des Genevois parviennent à stopper la prolifération de tumeurs cancéreuses
L’équipe du prof Ariel Ruiz i Altaba apporte la preuve des effets bénéfiques de la cyclopamine sur les souris. Un espoir immense pour un traitement.
En Suisse, chaque année 30 000 personnes sont atteintes d'une maladie cancéreuse. C'est la deuxième cause de mortalité après les maladies cardiovasculaires, et un quart des décès, soit 17 000, sont imputables chaque année aux cancers.
Alors, quand un nouveau pas est franchi dans la lutte contre ce malin, c'est toujours une bouffée d'espoir. D'autant plus lorsque des résultats théoriques se confirment in vivo. C'est ce que vient de réaliser l'équipe du professeur Ariel Ruiz i Altaba de l'Université de Genève. Elle vient de tester avec succès l'efficacité de la cyclopamine pour inhiber le développement de cellules cancéreuses chez les souris. «Il faut maintenant tester la molécule sur l'homme, j'ai bon espoir», assure cette sommité de la biologie du développement. Une porte s'ouvre à l'établissement de traitements.
En août dernier, l'équipe dirigée par le professeur présentait déjà, sur la base d'expériences in vitro, des résultats étonnants sur la possibilité d'endiguer la progression de cellules tumorales prélevées sur un cancer de la prostate.
Selon leurs travaux, deux gènes - Sonic
hedgehog (SHH) et GLI1 - sont impliqués dans la progression des cellules tumorales. Or une molécule découverte dans les années 60, la cyclopamine, inhibe la voie de signalisation SHH-CLI1. En d'autres termes, elle perturbe un des mécanismes permettant aux cellules de proliférer et de se reproduire.
Prochaine étape: les tests sur des malades
Jusque-là, les tests n'avaient été effectués que sur des cellules mises en culture. La publication aujourd'hui dans la revue scientifique Mechanisms of Development des résultats des tests menés in vivo, sur des souris, montre que la cyclopamine a tenu ses promesses.
Les chercheurs ont en effet testé les effets de la cyclopamine sur des souris ayant
développé des tumeurs au cerveau. De fait, une injection systématique de la molécule améliore sensiblement la santé de l'animal et prolonge sa vie.
De plus, l'analyse du cerveau de ces spécimens indique une importante réduction de la taille des tumeurs ainsi qu'un nombre largement décroissant des cellules qui expriment ces tumeurs. En résumé, la cyclopamine suffit à enrayer le développement du cancer.
Les Genevois ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir testé la molécule. Et «il est très encourageant de voir que la cyclopamine fonctionne sur plusieurs types de cancer, la prostate et les tumeurs au cerveau, mais aussi la peau, le pancréas, l'estomac, le sein», précise le chercheur pour qui la cyclopamine est aujourd'hui «le meilleur de ce que l'on a» en matière de promesse.
Il reste maintenant à passer aux essais cliniques sur l'homme. «Je suis en discussion avec l'Hôpital cantonal à ce sujet.» Il est intéressé à développer la molécule à Genève. «C'est prendre des risques, mais sans risques nous n'obtiendrons pas de grands résultats.»
anne-muriel brouet
Source : Tribune de Genève