Avec près de 52 600 nouveaux cas en 2010, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers féminins.
Si les facteurs de risque génétiques, hormonaux ou reproductifs sont bien connus, le rôle des facteurs environnementaux reste débattu.
Les chercheurs de l'Inserm ont suivi le parcours de 2 500 femmes
Au sein de l’équipe "Epidémiologie environnementale des cancers", des chercheurs de l’Inserm ont suivi 2 500 femmes afin de comprendre le lien entre le cancer du sein et l’environnement professionnel.
Nommée CECILE, l’étude est la première de ce type menée en France.
Les chercheurs de l’Inserm ont recueilli des informations sur près de 1 200 femmes ayant eu un cancer du
entre 2005 et 2007 et 1 300 femmes en bonne santé.
Un questionnaire très précis a permis de retracer le parcours professionnel détaillé de chacune d’elles.
Les femmes ayant un haut niveau d'éducation ont un risque accru
"L’étude CECILE a permis de confirmer que les femmes ayant un niveau d’éducation élevé présentent un risque accru de développer un cancer du sein", observe Pascal Guénel, qui a dirigé ce travail.
Ici, ce n’est pas la profession elle-même qui est en cause, mais plutôt le parcours de ces femmes, notamment une première grossesse tardive souvent liée aux études supérieures.
Certaines professions à risques à cause de l'exposition à des produits toxiques
En revanche, certaines professions elles-mêmes augmentent le risque de développer un cancer du sein.
C’est le cas par exemple de travailleuses ayant exercé dans le textile ou la fabrication de plastiques.
"Ici, nous étudions l’incidence de l’exposition à certains composés tels que les solvants organiques, les PCB (polychlorobiphényles), ou encore les pesticides (DDT)" précise le chercheur.
Un dosage des composés présents dans le sang des participantes ainsi que le détail de leur carrière ont ainsi permis de reconstituer l’historique des expositions professionnelles.
En outre, des analyses permettent de tenir compte de cette chronologie des expositions et de cibler les périodes supposées vulnérables au cours de la vie d’une femme, par exemple avant la première grossesse.
Un lien entre le cancer du sein et le travail de nuit ?
"Nos travaux ont aussi mis en évidence un lien possible entre cancer du sein et travail de nuit", confie Pascal Guénel, d’après des analyses dont les résultats définitifs seront publiés prochainement.
Près de 15 % des femmes de l’étude CECILE ont été concernées par le travail de nuit.
Les plus exposées ayant exercé dans les secteurs de la santé, de la restauration et des transports.
Il semblerait que la modification de l’horloge biologique ait une incidence sur les mécanismes hormonaux.
De tels résultats pourraient avoir des conséquences en matière de santé publique.
Au Danemark par exemple, le cancer du sein est déjà reconnu comme maladie professionnelle chez certaines femmes ayant travaillé de nuit.