L’annonce d’un cancer augmenterait le risque suicidaire. Cependant, le dispositif d’annonce, tel que mis en place en France depuis 6 ans, recueille une satisfaction importante de la part des patients.
Le risque suicidaire est plus élevé chez les patients cancéreux que dans la population générale : il serait multiplié par 1,5 à 2, voire par 15 dans la première année qui suit le diagnostic.
En général, on incrimine la lourdeur du traitement, les effets secondaires, l’évolution défavorable de la maladie, les complications douloureuses etc…
Mais une récente étude suédoise, saluée pour sa rigueur et son ampleur, démontre que c’est bien souvent l’annonce même du diagnostic, et non la progression de la maladie, qui est l’élément déclencheur. Or en France, les IDE jouent un rôle très important dans cette étape, à travers le dispositif d’annonce.
Sur-risque suicidaire juste après l’annonce
D’après les chercheurs suédois, le risque de suicide est multiplié par 12,6 la semaine qui suit l’annonce du diagnostic, des données venant même étayer un lien de causalité comme l’influence de la gravité de la tumeur sur l’importance de ce sur-risque. De même le risque de décès de causes cardiovasculaires est multiplié par 5,6 la semaine suivant l’annonce. En valeur absolue, cela représente un taux de 2,5/1000 personnes années pour le suicide et 116,8/1000 pour les maladies cardiovasculaires.
Cette étude souligne à quel point l’annonce d’un cancer, devenu depuis quelques temps une étape très protocolisée en France, est aussi un moment très sensible. La prise en compte d’autres facteurs de risques, tels que les antécédents psychiatriques, est donc essentielle.
Enquête de satisfaction en France
Et en France justement, qu’en est-il ? Début mai a été rendue publique en France une étude sur l'annonce du diagnostic de cancer et le ressenti des malades par l'Institut national du cancer (INCa), en collaboration avec la DGOS et la Ligue contre le cancer. Elle a été réalisée en 2011, auprès de 908 personnes prises en charge dans 53 établissements. Globalement, il ressort une « satisfaction importante » face au climat de confiance instauré par les soignants ainsi qu’un « ressenti favorable » de l’aide et du soutien apportés par ces soignants. Les personnes interrogées ont également exprimé leur satisfaction par rapport à l'information apportée sur la maladie et les traitements proposés, tant par le médecin que lors du temps d'accompagnement soignant.
Cependant cette étude souligne aussi la mise en place incomplète et très souvent variable d’un établissement à l’autre du dispositif d’annonce. (1) Elle démontre aussi l’importance de la parole donnée aux personnes malades pour adapter au mieux les dispositifs d'accompagnement et de prise en charge.
Si les contours du rôle de l’IDE dans ce dispositif semblent assez clairs, les retours d’expérience et autres enquêtes sont très importants si l’on veut améliorer les protocoles et surtout adapter au mieux les formations des IDE.
Émilie Gillet
1- Probablement qu'au Québec, on a même pas de dispositif d'annonce du cancer. S'il y a un Québécois qui s'est aperçu d'un dispositif me prévenir...