"Le Héron bleu" suivi de "Rentrer chez nous"

Et pour faire contraste voici une chanson triste de Fred Pellerin que je ressens beaucoup.



Derrière chez nous y a un désert.
Y a un désert dedans ma cour
J'aurais voulu une rivère
mais y a un désert dedans ma cour.

J'ai mis le feu à ma fenêtre, j'ai mis la douleur à mes pieds et j'ai marché des kilomètres, juste pour oublier.
J'me suis rendu plus loin que prévu, je me suis rendu au bout du chemin et si mon histoire tiens la route là je voudrais rentrer chez nous.

J'en ai brulé des lumières rouges et aussi faite ben des détours pour trouver ce qui ressemble du plus près à l'amour, du plus près à l'amour.

Je voudrais retrouver sur mon coeur, comme une fleur comme un caillou, le poids de mes erreurs qui assèche ma cour. je voudrais rentrer dans ma maison et boire un peu à tous les jours dans les yeux doux de Marilou. Je voudrais rentrer chez nous

Derrière chez nous y a un désert.
Y a un désert dedans ma cour
Derrière chez nous y a un désert.
Ou je vas planter un peu d'amour.

Je trouve tout à fait joli et significatif ce poême sur l'image d'un héron immobile qui attend sa chance pour prendre le poisson.

J'y trouve une image de la vie, lorsque tout est tranquille dans votre vie méfiez-vous : ça ne durera pas, quelque chose ca vous foncer dessus. Peut-être ai-je un fond paranoïaque ou peut-être que la vie n'est réellement pas un long fleuve tranquille.


Le rêve du héron bleu

Dès l'aube un héron s'est figé comme un jonc
Sur le bord du lac vierge où son image plonge.
On le dirait surpris par le philtre d'un songe,
Évadé du réel, béat sur son pied long.

Oh ! bien loin de rêver, ce calme et beau héron
Fait devant l'onde grave un geste de mensonge.
Dans l'immobilité que sa ruse prolonge
Rien des flots recueillis n'échappe à son oeil rond.

Qu'une carpe imprudente anime l'eau tranquille
Et prompt à la saisir avec son bec agile,
Il fera de sa vie errante, son festin.

Qu'importe à ce guetteur ce noble paysage ?
Seul un désir brutal remplit son coeur sauvage,
Et, svelte dans l'aurore, il incarne la Faim.




Ferland (poête québécois 1872-1943)